VERITE

#24 « Comment concilier brillamment financement associatif, sororité et soins dans la Lutte contre le cancer ? »

Annabel Brourhant – HOPE

Rencontrez Annabel Brourhant, une dirigeante hors pair et fondatrice de l’association Hope, dans cet épisode riche en émotions et en enseignements.

Découvrez son parcours unique, depuis son rêve d’enfance de vivre dans un château avec des chevaux, jusqu’à sa lutte contre le cancer, qui a façonné sa trajectoire entrepreneuriale.

Annabelle partage comment elle a transformé cette épreuve en une source de motivation pour créer et développer Hope, une association dédiée à l’empowerment des femmes atteintes de cancer. Elle y allie sa passion pour les chevaux et une vision entrepreneuriale innovante, mettant en œuvre des projets tels qu’une comédie musicale et l’exposition ‘Cicatrice’ pour sensibiliser et inspirer.

Nous explorons également les défis du leadership et de la gestion dans le secteur associatif, mettant en lumière sa capacité à diriger avec intégrité et authenticité.

Notre échange rappelle l’importance du soutien apporté aux femmes confrontées à cette épreuve, et l’impact transformateur de la solidarité et de l’appui des membres de l’association. Un épisode conçu pour éclairer et inspirer, sur les thèmes de la résilience, de la sororité, de l’entraide et du cheminement vers la guérison.

Une véritable leçon de courage, d’endurance, et de leadership entrepreneurial.

Écoutez, partagez vos réflexions et rejoignez nous pour plus d’histoires qui éveillent l’espoir et célèbrent la résilience féminine.

Timeline :

00:05:13 – Hope : une association ouverte à toutes les femmes atteintes de cancer

00:22:58 – Le défi de demander de l’argent pour l’association

00:26:14 – L’importance vitale de trouver des financements pour l’association

00:29:16 – Les bienfaits des associations pour éviter les coûts de santé supplémentaires

00:33:11 – Repenser les statuts associatifs pour créer de la richesse

00:39:12 – Le défi d’intégrer la mission sociale dans les entreprises

00:49:40 – L’importance de s’entourer de leaders compétents

00:53:07 – Réflexions sur le style de leadership et l’équilibre donner-recevoir

00:59:57 – La satisfaction de donner aux autres

01:05:25 – La puissance de guérir ensemble

Pour contacter Annabel :

annabel@brourhant.com
L’association HOPE : https://www.hope-association.com/

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Transcription de l’épisode

    Ombeline : Bonjour Annabel ! Bienvenue dans le podcast Vérité.

    Annabel: Bonjour Ombeline ! Merci beaucoup de me recevoir aujourd’hui. 

    Ombeline : Alors, Annabel, je t’ai invité dans le podcast Vérité. Je te remercie d’avoir accepté parce que tu as un profil atypique, multi-potentiel que je trouve très inspirant. Et tu es une femme engagée, engagée notamment avec l’association HOPE que tu as créée en 2017, et qui soutient les femmes dans leur retour à l’emploi et a monté des projets concrets après un cancer, et notamment par l’accompagnement et le soutien des chevaux. 

    Annabel: C’est exact. 

    Ombeline : Alors, pour que les auditeurs te connaissent, je vais d’abord te demander de nous décrire où est-ce que tu te situes avant que j’en dise un peu plus sur ton parcours. Est-ce que tu pourrais nous décrire ton environnement ? 

    Annabel: Alors, mon environnement, j’ai mes chevaux à ma droite, mes livres derrière moi. Et je suis chez HOPE, donc qui est le siège de l’association et qui est sur le lieu de mes écuries. Des écuries que j’ai construites, qui étaient vraiment, peut-être qu’on aura l’occasion d’y revenir mais, un rêve de petite fille, puisque j’habitais en haut de ce petit village de Saint-Cergues et je rejoignais ma meilleure amie qui avait un poney, en haut du village aussi. On se rejoignait et on passait devant ce château qui s’appelait les écuries du Château de Neydens à Saint-Cergues. Et je lui disais, on avait onze ans, douze ans, et je lui disais « Oh la la ! C’est mon rêve d’habiter ici. C’est mon rêve d’habiter ici. » 

    Ombeline : Et c’est fou. Et c’est là que tu habites ? Enfin, c’est là que tu as créé l’association ?

    Annabel: Et c’est là que j’ai créé l’association. Parce qu’en fait, ce qui s’est passé, c’est qu’on est revenu habiter, maintenant j’habite à Genève, mais on est revenu habiter il y a vingt ans avec mon mari dans le lieu où j’ai vécu petite. Et ce château était à racheter. On a rénové le château, on a créé des écuries. Mais pour la petite histoire, c’est pour ça que c’est symbolique et c’est une bonne question, parce qu’on a eu plein de difficultés pour construire ces écuries qui sont aujourd’hui le siège de HOPE. Mais au moment où on a obtenu tous les permis de construire, je suis tombée malade. Et donc ça a vraiment du sens aujourd’hui, dans le sens où voilà, mon rêve de petite fille, aujourd’hui c’est le siège de ce qui est ma vie, HOPE. Je vis HOPE, je dors HOPE, je mange HOPE. HOPE c’est ma vie. Donc peut-être un peu trop pour mes proches. Voilà. Mais, voilà mon environnement. 

    Ombeline : Et HOPE c’est LA vie en fait, pas que la tienne en fait. 

    Annabel: Ouais, je pense qu’effectivement c’est la vie. En tout cas, c’est l’impulsion qu’on essaie de donner. C’est l’impulsion que je me suis donnée. Parce que se retrouver à quarante-quatre ans, maman de quatre enfants dont la petite dernière à sept ans et l’aîné quatorze, avec un cancer du sang, et puis deux autres qui suivent derrière, puis une mutation génétique pas facile à admettre non plus, je me suis dit voilà, je ne vais pas me laisser abattre, et je me suis rendue compte finalement qu’au contact de mes chevaux, ça me donnait une énergie de dingue et que j’oubliais la maladie. Et donc, j’ai voulu partager ça avec d’autres femmes. Donc c’est comme ça que j’ai créé l’association en 2014. En 2017, pardon.

    Ombeline : En 2017. 

    Annabel: J’ai laissé passer trois ans parce qu’il faut aussi… Moi, après mon premier cancer, j’ai été juste boulimique de la vie. Je n’arrêtais pas. Jusqu’à ce que je me dise finalement, les chevaux m’aident vraiment. Pourquoi on ne monterait pas cette association avec Nicolas Chopin pour aider les femmes et les accompagner à travers la maladie ? Voilà.

    Ombeline : Donc, tu as été diagnostiqué d’un cancer en 2014.

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : Et HOPE a été créé en 2017.

    Annabel: C’est ça. Ouais. 

    Ombeline : Donc aujourd’hui, HOPE, donc ça existe depuis cinq ans. C’est sept antennes en France et une fondation en Suisse, puisque Saint-Cergues pour les personnes qui ne connaissent pas, c’est à la frontière franco-suisse. 

    Annabel: Et ouais, exactement. Là, quand je monte à cheval dans les bois, je passe dans les bois suisses donc c’est vraiment je suis à huit cents mètres de la frontière. Et c’est, pour situer, c’est entre Annemasse et Thonon. Donc ici, Saint-Cergues, c’est vraiment le siège de l’association. C’est là où on organise tous les séjours. Et les autres antennes en France, on propose des journées découvertes et des après-midis de suivi. Et tous ces stages évidemment sont bien sûr gratuits pour toutes les femmes. Et ces deux… C’est important de le préciser, c’est quel que soit le type de cancer, parce qu’il y a beaucoup de femmes qui ont frappé à la porte de HOPE et qui se sont dit « Enfin une association qui m’ouvre ses portes ! », parce que très souvent les associations c’est cancer du sein, cancer du sein, cancer du sein. Et donc on accepte les femmes, alors, que les femmes, peut-être que ce sera une question qui viendra plus tard, mais que les femmes, quel que soit le type de cancer et à n’importe quel stade de la maladie. Parce qu’au départ, on s’était dit qu’on allait aider les femmes après le diagnostic et après les traitements, surtout après les traitements, parce que c’était à ce moment-là qu’intervenait la dépression. Et en fait, comme on a eu des demandes de femmes qui venaient d’apprendre la maladie et elles étaient complètement perdues, désorientées, elles avaient besoin tout de suite d’un soutien avant de savoir finalement à quelle sauce elles allaient être mangées, radiothérapie, traitement, chirurgie, etc. Et on s’est rendu compte que mélanger des femmes qui avaient terminé les traitements et d’autres qui venaient d’apprendre la maladie au moment où elles se disaient « C’est là que j’en ai le plus besoin », c’était vraiment là on où était le plus fort et le plus, où on avait vraiment une action, une réelle action. Et on a pu le mesurer d’ailleurs, parce que cette année, on a mené une étude d’impact.

    Ombeline : Oui. C’est ce que tu me disais.

    Annabel: Voilà. Et on a une étude d’impact qui montre que 40 % des femmes, après un passage chez HOPE, reprennent le travail. 65 % refont des projets. Notre score NPS est le plus élevé que l’institut KIMSO qui a réalisé l’étude connaisse depuis dix ans. Et puis un taux de satisfaction de 97 %. Donc on sait que, voilà, il n’y a pas que l’équithérapie, il y a tout ce qu’on propose chez HOPE ; c’est-à-dire que c’est…

    Ombeline : C’est une communauté aussi. 

    Annabel: Ouais, c’est une communauté.

    Ombeline : C’est une sororité.

    Annabel: En fait, je crois que chez Hope, peut-être que notre point fort c’est que tout est possible. Alors les filles m’appellent un peu « la folle » parce qu’elles se disent « Oh la la, quelle idée elle va encore nous sortir ? ». Là tu vois après le gala, le gala de cette année qui avait eu lieu en octobre, ma fille m’a dit « Je croyais que tu arrêtais maman ? », je dis « Non mais là je ne peux pas », alors elle me dit « Mais tu fais quoi l’année prochaine là ? », « Ah mais je crois que peut-être que je vais le faire dans un cirque, je vais faire monter un cheval », elle me dit… Bon, voilà, je suis comme ça. Et c’est ce qui m’a aidé dans la maladie, de dingue, c’est d’avoir des projets en permanence et d’avancer et de, ouais, de vivre avec des projets et de se dire que ces projets, de toute façon, je vais les réaliser. Et c’est ça. Et je crois que c’est ça qui est possible chez HOPE aussi, c’est de se dire voilà, on mélange plein de choses, on mélange l’équithérapie, on mélange le chant, la danse, la peinture, mais que surtout tout est possible. Voilà. 

    Ombeline : Et ça fait partie d’ailleurs des messages que tu voulais faire passer dans ce podcast. Donc, tu disais sept antennes en France, une fondation en Suisse. Vous avez suivi cinq cents femmes depuis le début de l’association, et effectivement ce sont des stages et des séjours entièrement gratuits pour les femmes qui sont accompagnées, pour les bénéficiaires en fait de l’accompagnement. Donc il y a des galas, il y a des fonds à aller récolter. Il y a la comédie musicale aussi que vous avez créée, qui a été pour la première fois présenter, enfin jouer, au ministère de la santé. 

    Annabel: Exact. Ouais.

    Ombeline : Il y a l’exposition « Cicatrices ». Il y a eu beaucoup de, enfin, entre la première fois où on s’est parlé et aujourd’hui, je sais qu’il y a eu beaucoup de deadlines importants pour toi et pour HOPE.

    Annabel: Ouais, c’est ça. C’est pour ça qu’on s’était dit qu’on mettait le podcast en Novembre.

    Ombeline : Ouais.

    Annabel: Parce que quand tu m’as appelé je me suis dit ah mais ce n’est pas possible quoi. J’ai Octoraro, j’ai le ministère de la santé, j’ai le gala, je pense que je ne vais pas y arriver. Et effectivement, tu vois, après le gala de l’année dernière, c’était rigolo parce que j’ai rencontré une ancienne ministre de la Santé, Nora Berra. Et je dis, voilà « Est-ce que tu peux nous aider pour l’association ? », elle me dit « Oui, oui, je peux vous aider. Comment je peux t’aider ? ». Je dis « On pourrait par exemple mettre l’expo cicatrice ». Donc l’exposition Cicatrice, c’est une expo qu’on a montée juste avant le COVID, c’est une exposition, pareil, c’est sorti de ma tête. Un jour, je me suis réveillée en me disant en fait on est belle, avec nos cicatrices. 

    Ombeline : Ça, ça va plaire à Audrey Bouyer, vingtième épisode du podcast.

    Annabel: Ah ouais ?

    Ombeline : Je ne sais pas si tu l’as écouté. Ouais, qui a créé « Wounded Women », je pense qu’il faudrait que je vous mette en contact toutes les deux.

    Annabel: Avec plaisir.

    Ombeline : Qui a créé la lingerie innovante post opératoire. 

    Annabel: Ah génial ! Génial ! Et donc, tu vois, je me disais… Alors bon, cette foutue prothèse, en l’occurrence, je l’enlève d’ici un mois. Mais, je disais aux filles, finalement, on est belle quand même avec nos cicatrices. Et j’avais pris un petit groupe de femmes en disant on va essayer de se dénuder, de montrer qu’avec nos cicatrices on est belle, avec les chevaux. Et en fait l’expo, finalement, elle s’est faite avec trente-trois femmes je crois, puisqu’on a trente-trois portraits. Et elle permet… Il y a aussi des témoignages où les femmes racontent le parcours de la maladie. Elle permet, quand tu vas à cette expo — de un, démystifier la maladie ; — de deux, de voir que ça ne touche pas que des femmes âgées, mais des femmes de tous les âges, de voir qu’on peut quand même être belle et dépasser la maladie à travers ces photos et de parler et d’ouvrir le débat sur le dépistage et la prévention. Et ça, donc, à l’époque où je rencontre Nora Berra, je lui dis « On pourrait exposer l’expo Cicatrice au ministère » ; ce qu’on a fait cette année. Et je lui dis « On pourrait jouer la comédie musicale HOPE » ; elle me dit « Ah, tu as une comédie musicale ? », et je dis « Non, non, mais je vais l’écrire ». Et en fait, j’ai vendu la comédie musicale au ministère de la Santé…

    Ombeline : Avant de l’avoir créé.

    Annabel: Avant de l’avoir créé. 

    Ombeline : Extraordinaire.

    Annabel: Alors, je l’avais déjà dans la tête parce que j’avais écrit un livre quand, à l’époque où j’ai eu mon cancer, je me suis retrouvée une semaine à l’hôpital et je me suis tellement emmerdée, qu’il fallait que j’écrive quelque chose. Donc j’avais déjà plein de choses. Et puis après je l’ai écrit en fonction… Donc j’ai raconté dans cette comédie musicale, mon parcours de patiente, avec le rapport avec les médecins, avec mon entourage, et cetera, avec les hommes aussi beaucoup. Et puis après, je me suis inspirée de plein de témoignages des femmes. Et puis on avait aussi Mélanie Bajot, qui a rejoint l’association il y a quatre ans, qui avait écrit beaucoup de chansons dans des ateliers d’écriture. Donc on avait déjà énormément de matière. Et donc, quand j’ai rencontré Guila Braoudé, metteur en scène, qui m’a dit « Moi, si tu me demandes de faire la mise en scène, je sors du bois », parce que je n’ai jamais dit que j’avais un cancer du sein non plus, et qu’elle m’a dit banco. Voilà. On a monté le spectacle avec vingt-cinq femmes sur scène en six mois.

    Ombeline : Waouh.

    Annabel: Huit mois, pardon, écriture comprise. Donc on s’est vu avec Guila en décembre. En février, j’ai commencé à écrire. Non. En janvier, c’était écrit, en février, il y avait toutes les femmes. On a vu Guila quatre fois, et ensuite on s’est retrouvé au ministère de la Santé. Donc c’était un truc de fou. Et franchement, c’était magique, parce qu’il y avait madame Agnès Firmin-Le Bodo, donc du cabinet du ministre, qui est venue voir le spectacle le midi et le soir, alors qu’elle n’était pas censée revenir le soir, on a vu des gens pleurer dans la salle, rire aussi, et c’était vraiment super, super touchant. Et je pense qu’on a vraiment ému les gens avec ce spectacle. Et donc c’est un spectacle qu’on doit aujourd’hui tourner parce qu’il a une vocation sociale. Il doit donner de l’espoir. Dire qu’il y a une vie après le cancer. Et puis pour nous toutes, c’est une aide. Tu vois, on a une amie qui nous avait dit, qu’on enterre malheureusement vendredi, elle est décédée entre temps, qui nous avait dit au mois de février, elle s’appelle Lisa, « Je peux répéter le spectacle avec vous, mais peut-être que je ne serai plus là au mois d’octobre, quand on va le jouer ». Et voilà, Lisa a disparu, elle n’a pas pu faire… Elle a fait toutes les répétitions, mais elle n’a pas pu jouer le spectacle. Donc demain soir, on va jouer en son honneur. On va chanter lors de sa sépulture. Mais ça l’a fait tenir. Elle a tenue.

    Ombeline : Oui, ça l’a accompagné.

    Annabel: Et je pense que c’est ce qui nous aide aussi toutes, tu vois. C’est que, à travers tous nos contrôles, à travers tout… Parce que, on apprend à vivre avec le cancer, tu apprends à vivre avec, mais n’empêche que tous les six mois, tous les ans, tu as tes contrôles, tu te reprends une claque dans la figure parce que le moindre petit bobo, la moindre petite douleur te rappelle que tout peut rebasculer du jour au lendemain. Voilà. Donc, HOPE c’est tout ça. C’est des groupes WhatsApp où dès qu’il y en a une qui flanche, on s’envoie des petits messages, se soutenir. Donc ouais c’est vrai. Je crois que tu as trouvé le mot juste. C’est vraiment, c’est une communauté quoi. C’est une communauté. Avec mille projets.

    Ombeline : Alors moi, j’ai une pensée en arborescence. Donc là, quand je t’entends, il y a dix mille idées qui arrivent, dix mille sujets à aborder avec toi. J’aimerais quand même dire qu’avant HOPE tu étais journaliste.

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : Tu as été journaliste pendant quinze ans. Tu es artiste aussi. Donc on voit avec cette comédie musicale. Mais tu es aussi artiste peintre, enfin, tu as fait des expositions et cetera. Donc tu as aussi cette fibre artistique. Et puis bien évidemment les chevaux, ta vie à la campagne, dans ton enfance, ta rencontre avec les chevaux, et ces chevaux qui sont là depuis toujours finalement, à tes côtés.

    Annabel: Mon fil rouge. 

    Ombeline : Ton fil rouge. Ton fil rouge. Et par rapport à ce message que tu voulais passer de, que tout est possible lorsqu’on le veut vraiment. Je pense que la grande force que tu as, c’est effectivement d’avoir trouvé ce pourquoi, et que tous tes projets servent le même pourquoi.

    Annabel: Ouais. Alors tu vois, je me dis, pour moi il n’y a pas de hasard déjà, dans la vie. Je ne sais pas pourquoi. Je crois qu’à peine je suis sortie du ventre de ma maman j’ai dit cheval. Ça devait être mon premier mot prononcé. Pourquoi j’ai été attirée vers cet animal qui ne te juge pas mais qui peut t’accompagner dans ton quotidien et être ton partenaire de vie ? Et qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui tout m’a mené à ça ? Je n’en sais rien. Je n’arrive pas, mais j’ai comme le sentiment que toutes les rencontres que j’ai faites dans ma vie, que tous mes chemins de vie, que ce soit mon passage par le journalisme. J’ai commencé… Donc le cheval n’a jamais quitté ma vie. Mes parents ont accepté que je monte à cheval à l’âge de neuf ans, mais on n’avait pas de gros moyens donc je me débrouillais pour aller voir les paysans du coin et pour qu’ils me prêtent leurs poneys. À onze ans, j’avais monté un mini poney club, la fille complètement inconsciente, je faisais payer mes copines cinq francs de l’époque pour nourrir les poneys qui ne m’appartenaient pas dans des prés qui ne m’appartenaient pas. Donc, j’avais déjà… 

    Ombeline : D’ailleurs ça, ça fait partie des citations que j’ai noté. Et tu me disais à onze ans déjà, j’allais déjà demander de l’aide pour récolter de l’argent…

    Annabel: Ouais.

    Ombeline :… pour réaliser mes projets. J’ai trouvé ça incroyable.

    Annabel: J’étais même capable, des fois je montais, mes parents habitaient en bas dans le chemin, je montais en haut de la route, je ramassais des cailloux soi-disant précieux, je ramassais des pruneaux, des cerises et je les vendais. Je ne sais pas pourquoi, j’avais déjà le sens du business et de… Oui, je pense que j’avais déjà le sens du business, mais toujours pour servir quelque chose. Dans l’idée, c’était pour nourrir mes chevaux, pour acheter des équipements à mes chevaux, à ces chevaux qui ne m’appartenaient pas. Donc ça a toujours été, ouais, dans ce sens-là. Après, j’ai fait une école de théâtre. Puis je me suis dit, voilà, mais je vais ramer dans ce milieu. Et j’ai décidé de bifurquer. J’ai fait une école de communication, en école de communication je suis devenue stagiaire auprès de Frédéric Lopez. Je suis rentrée par les fenêtres parce qu’il ne prenait pas de stagiaire et je me suis débrouillée absolument pour rentrer par la fenêtre et devenir sa stagiaire. Frédéric m’a mis le pied à l’étrier du journalisme que j’ai exercé pendant quinze ans, jusqu’à mes deux premiers enfants, puis après j’en ai eu quatre, plus un avortement thérapeutique qui a fait que je me suis dit bon, peut-être qu’il faut que je mette le holà et que je me stoppe un peu. Mais j’ai eu l’impression que finalement, toutes les personnes que j’ai rencontrées, parce que aujourd’hui HOPE a bientôt sept ans, donc c’est vrai qu’on va fêter nos sept ans au mois d’avril, HOPE a bientôt sept ans, aujourd’hui, tous les contacts que j’ai eu, que ce soit dans le journalisme, que ce soit dans le milieu de l’entreprise, que ce soit par la société que mon mari a monté, aujourd’hui, tout ça et toute la fougue que j’ai eu dans tout ce que j’avais envie de faire, je le mets au service de l’association. Et je n’aurais pas pu monter cette association si je ne savais pas faire tout ça. Je l’ai appris sur le terrain, parce que je n’ai pas fait d’école pour ça. Mais au final, c’est un apprentissage que j’ai eu tout au long de ma vie, et qu’aujourd’hui, je mets au service de Hope. Parce que quand j’ai créé HOPE, j’ai dû presque tout apprendre, mais j’avais déjà presque tout ça en moi en fait, au fond de moi. Que ce soit l’écriture d’une pièce de théâtre, à aller chercher de l’argent, à rencontrer des gens, à fédérer, tout ça je l’avais appris dans ma vie précédente. Moi, j’ai eu l’impression que j’ai eu mille vies en fait. Tu vois ?

    Ombeline : Ce qui a l’air le cas, de l’extérieur aussi.

    Annabel: Ouais, c’est ça. J’ai eu ma vie de petite paysanne, puis j’ai eu ma vie de pseudo comédienne, puis j’ai eu ma vie de journaliste, puis j’ai eu ma vie de maman et d’artiste peintre, puis j’ai eu ma vie de directrice et cofondatrice de HOPE. Ouais, voilà. J’ai eu mille vies. Alors, j’étais en train d’essayer de me remémorer comment m’appelait les journalistes, parce qu’il y a un journaliste qui m’a appelé un jour la « Tornade blanche ».

    Ombeline : Oui, puis tu m’avais dit « Madame Mille volt » aussi.

    Annabel: “Madame Mille volts”. C’est vrai.

    Ombeline : Cent mille volts. 

    Annabel: Alors tu as vu ? Je ne sais pas si tu as vu, mais j’essaie de parler doucement. Parce que d’habitude, des fois, quand je réécoute des bouts de podcast, je me dis « Ah ! Mais mon dieu ! Qu’est-ce que je suis speed ! ». Donc je m’efforce aujourd’hui de prendre le temps de parler avec toi. Voilà.

    Ombeline : Alors, les thèmes que j’avais envie d’aborder avec toi et qu’on avait un petit peu évoqué ensemble, on va voir dans quel ordre ça vient et cetera. Enfin, moi j’aime bien aussi laisser le spontané dans ces épisodes. Mais il y a évidemment tous les sujets autour de gérer et faire grandir une association, à trouver des fonds pour servir ce pourquoi et cette mission sociale et sociétale, trouver un équilibre entre le « donner » et le « recevoir » en tant que dirigeante d’association. Comment concilier ton intégrité et la croissance de l’association et puis toutes ces femmes aussi qui en bénéficient. Le besoin de développer, ton leadership, ta posture par la résilience et le courage, comme tu m’avais exprimé. J’avais noté quelques citations, donc celle à onze ans où tu dis « Déjà à onze ans, j’allais demander de l’aide, j’allais récolter de l’argent parce que j’avais des projets à réaliser et à financer ». Tu nous as dit j’avais le rêve de monter des écuries, le cancer m’a stoppée, mais n’empêche que tu as réalisé ce rêve.

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : Dans le lieu en plus dont tu rêvais. Et tu disais « J’ai guéri avec l’aide des chevaux et ma mission est devenue évidente. Et finalement, cette mission, elle a toujours été là, et tout mon parcours m’a amenée HOPE. Même celui de mon mari », comme tu viens aussi de nous le rappeler. Et tu m’avais dit aussi quelque chose qui m’avait interpellé, et en même temps qui ne m’étonne pas, c’est « Parfois, j’ai l’impression de me prostituer, parce qu’il faut toujours, toujours aller chercher des fonds, aller réclamer, aller demander ». Même si la mission et le pourquoi on va chercher de l’argent semble évident, semble d’un intérêt sociétal, mais il faut quand même toujours aller réclamer. Donc là tu sors du deuxième gala que vous avez organisé. Je crois que vous avez récolté…

    Annabel: Pas loin de 300 000,00. 

    Ombeline :… 300 000,00 euros, ce qui est plus qu’au gala précédent.

    Annabel: Ouais. L’année dernière on avait levé 250 et là ouais, on est à 300-320.000, 00 une fois qu’on aura fait… Alors, après il faut déduire les coûts du gala et cetera, mais on a fait pas loin de cent mille euros de plus ouais. 

    Ombeline : Ce qui est extraordinaire.

    Annabel: Ce qui est extraordinaire. Et c’était un vrai challenge. Parce que c’est, parce qu’effectivement, oui, comme je t’ai dit, il y des moments où j’ai l’impression de me prostituer. Et des fois je dis à mon mari « Mais pourquoi tu ne me donnes pas directement en tant qu’entrepreneur ? Tu peux. », il me dit « Oui, je pourrais te donner comme ça de l’argent ». Bon alors aujourd’hui, on a un budget de fonctionnement qui est aux alentours, je pense qu’il va encore un peu augmenter avec la comédie musicale, mais de 400-450.000, 00 euros par an quand même. Donc là, jusqu’à maintenant, on avait une salariée. Là, on a une salariée qui a démarré hier, qui va prendre une partie de mon job dans lequel je me prostituais, c’était récolter des fonds. 

    Ombeline : OK.

    Annabel: Et puis, Émeline aussi qui va gérer la maison HOPE. Donc ça, on y reviendra peut-être après. Mais effectivement, même si tu sais que tout le monde est touché par la maladie, que tout le monde est concerné, effectivement, c’est un sujet de société, c’est difficile d’aller demander de l’argent. Et, tu vois, je pensais que par exemple, pendant le gala, il y a deux-trois personnes qui m’ont aidé à vendre des tables, et il y a des copains que j’ai fait appeler par d’autres personnes et qui m’ont dit « Ouais, ce n’est même plus toi qui nous appelles ». Je dis « Oui mais c’est horrible parce qu’en même temps, quand je vous vois, il y a des moments où je vous parle de ça et je trouve ça terrible parce que je sais que vous pouvez m’aider, mais je n’ai pas envie de parler de ça avec vous, et en même temps j’ai besoin de vous ». Donc, oui, je trouve que j’ai… J’ai discuté avec beaucoup de présidentes d’asso aussi ou de directrices d’asso. Je trouve que même si ce qu’on fait est reconnu, et aujourd’hui, on le sait, puisqu’on a eu une étude d’impact, il y a même eu une étude clinique. Aller chercher de l’argent, c’est la chose la plus difficile qui soit. Je trouve qu’animer des stages, trouver des partenariats, créer des projets, c’est chronophage, il y a de l’adrénaline et c’est passionnant. Aller chercher de l’argent, je trouve que c’est un vrai job. Aline, qui va intégrer l’association, j’ai l’impression qu’elle a déjà fait ça, elle a vraiment la niaque pour ça. Je trouve ça extrêmement difficile parce que, oui, parce que ce n’est pas évident de demander et parce que ce n’est pas tellement non plus dans la culture française. Je trouve que par exemple quand tu es aux US ou au Canada, c’est quelque chose qui est beaucoup plus naturel chez eux, même s’ils sont moins défiscalisés, c’est quelque chose qui est dans leur culture. Et du coup, c’est un peu la honte en France encore de demander de l’argent. Donc quand tu le fais, même si la cause est juste et si la cause a du sens, ça reste quelque chose de difficile. Et moi j’avoue que ça fait sept ans que je fais ça. Au mois de Février…

    Ombeline : Alors, est-ce que ça ne serait pas, parce qu’il y a un côté effectivement humiliant d’aller demander de l’argent, mais est-ce que ça ne serait pas aussi parce que c’est ton bébé ? Peut-être que pour Aline par exemple, il n’y aura pas du tout ce côté humiliant.

    Annabel: Peut-être.

    Ombeline : Peut-être que ça sera plus facile pour elle parce que finalement ce n’est pas son association. 

    Annabel: Peut-être qu’il y aura du détachement et de la distance par rapport à ça…

    Ombeline : Ouais.

    Annabel: … et que moi je le vois comme quelque chose de… Moi je le vois comme quelque chose de vital. Parce qu’il y a des moments où je regarde le compte en banque et je me dis « Oh la la ! Mais j’ai mes salariés à payer, j’ai les stagiaires, j’ai les stages qui ont commencé », et du coup, là je suis vraiment du coup dans la tête d’un entrepreneur. Et en plus quand tu sais que je suis un panier percé moi, heureusement que ce n’est pas moi qui gère les comptes de l’association, sinon ce serait une catastrophe, et qu’aujourd’hui on a un conseil d’administration carré pour vraiment voir tout ça. Mais ouais, tu as raison, peut-être que c’est parce que je n’ai pas de distance. Mais en même temps, il faut bien que quelqu’un le fasse. Et en même temps, comme le dit mon mari, je suis aussi une des premières à pouvoir le faire puisque je suis — un, la preuve que le cancer peut se dépasser, que — deux, les chevaux aident dans le processus de guérison mentale et physique. Donc voilà. Mais, je trouve qu’un des messages forts que j’aimerais faire passer, c’est qu’aujourd’hui on n’est pas assez soutenu par l’État en tant qu’association. Parce qu’en tant qu’association, on fait des choses vraiment et pas que HOPE, beaucoup d’associations aident dans le parcours de soins, quelles que soient les maladies, il n’y a pas que le cancer, mais dans le parcours de soins et on n’est pas suffisamment aidé, vraiment, parce qu’il y a de l’argent public, il y en a. Mais nous, il y a des femmes qui ont dit « Vos stages devraient être remboursés parce que c’est comme si on avait fait dix ans de thérapie ». Tu sais ce que ça coûte d’aller pendant dix ans chez un psy ?

    Ombeline : Bien sûr.

    Annabel: C’est quoi, c’est 70 balles par semaine, donc ce n’est pas loin de 300,00 euros par mois. Tu multiplies ça.

    Ombeline : Oui, ça devrait être pris en charge, en partie en tout cas.

    Annabel: Nous, le protocole d’une femme, qu’on offre, c’est une journée et quatre après-midis. Bon après, elles peuvent rester dans l’association. Mais globalement, le protocole d’aide pour une femme en soins de support chez HOPE, c’est 1 000,00 euros par femme. Si on nous aidait, si les mutuelles aujourd’hui nous aidaient et ça, ça serait énorme, on pourrait faire dix fois plus. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, notre objectif d’ouvrir une antenne à moins de cent kilomètres d’une femme malade en France, on pourrait le réaliser en très peu de temps. Il y a plein d’entreprises, des licornes qui aujourd’hui lèvent des millions, une entreprise. Tu es d’accord ? Tu en vois passer. Des millions. C’est facile pour des choses qui vont derrière être vendue. Pourquoi on ne nous aide pas nous les asso ? Pourquoi nous les asso, on est obligé de se battre ? Et pourquoi nous, il n’y aurait pas un, comment elle s’appelle l’émission là, « Qui veut être mon associé ? »… Pourquoi ça n’existe pas pour les asso « Qui veut aider mon association ? » ? OK. « Qui veut nous soutenir ? ». D’accord, parce que donner à une association, ça permet de défiscaliser, mais ça ne rapporte pas d’argent. Alors peut-être qu’il faudrait qu’on réfléchisse.

    Ombeline : Mais en fait, je pense que c’est ça le problème. C’est qu’on est aujourd’hui dans une culture où comment faire plus d’argent au lieu de comment éviter des coups ?

    Annabel: Oui et c’est ça. Et en fait c’est ça, tu l’as très bien dit. Mais si les gens comprenaient que passer dans des associations comme HOPE permettait d’éviter les coups d’antidépresseurs, de rechute, de récidive… Attention ! Parce qu’il y a une fois un médecin qui a dit « Elle ne soigne pas le cancer avec ses chevaux ». Le cancer n’a jamais soigné. Bien sûr qu’on ne soigne pas le cancer. On aide le mental à aller mieux en traversant la maladie. 

    Ombeline : Bien sûr. Et quel est l’impact du mental sur la guérison ?

    Annabel: L’impact du mental, c’est 50 % sur la guérison. Donc voilà. Mais tu imagines si demain on avait un processus où les gens se disent « Voilà, on va aider les associations comme on aide des start-ups ». Voilà. Moi je… Aujourd’hui, s’il y a des entrepreneurs qui nous écoutent et qui nous entendent, pourquoi on ne fait pas une émission « Qui veut aider mon association ? », où des entrepreneurs disent « Voilà, moi j’ai décidé de… ». Alors, peut-être qu’on pourrait même trouver un schéma de fonctionnement, où si des chefs d’entreprise doivent récupérer un peu leur mille, que quelque part on ait un schéma de rentabilité. Pour l’instant, c’est difficile de trouver pour une association une manière de fonctionner d’une manière pérenne, avec quelque chose qui fait rentrer de l’argent d’une manière pérenne. Nous, c’est aujourd’hui notre problématique. Aujourd’hui, on s’est dit, jusqu’à maintenant, on n’avait pas, à part les donateurs, de manière pérenne de faire rentrer de l’argent. Aujourd’hui, on s’est dit qu’on pouvait proposer quelque chose aux entreprises. C’était leur proposer un service dans lequel ils vont donner de l’argent à HOPE, mais en même temps qui va leur servir et qui pourrait rentrer dans leurs coûts de formation. Genre, je suis une entreprise, allez, de cinq mille salariés, et j’ai un problème dans mon Comex de dix personnes, je veux faire du coaching ; eh bien nous on va vous proposer une team building, en équipe, avec nos chevaux, et vous pourrez peut-être défiscaliser une partie de ce qu’on va vous facturer. Donc, ça vous permet d’aider l’association, ça vous permet d’aider les femmes, ça vous permet de fédérer vos équipes. 

    Ombeline : Ouais.

    Annabel: Donc ça, c’est quelque chose qu’on met en place à partir de cette année et on espère que ça va fonctionner. Mais pour ça, c’est vrai qu’on a…

    Ombeline : C’est-à-dire qu’en fait, vous pouvez dire pour un team building de X personnes vendu, voilà, on peut aussi accompagner tant de femmes.

    Annabel: Mais carrément. Là, genre, allez on va dire, je ne sais pas, je dis n’importe quoi, allez, on va prendre une team building d’une équipe de dix personnes sur deux jours, on va vous le facturer 10 000,00 euros, vous permettrez à l’association d’aider dix femmes.

    Ombeline : Ouais.

    Annabel: Pas mal quand même.

    Ombeline : C’est énorme. 

    Annabel: Quand tu sais que dans une entreprise…

    Ombeline : Accompagner dix femmes, ouais, dans le processus de guérison. 

    Annabel: … une femme sur huit, voire six, sera touché par un cancer du sein, et je ne parle que du cancer du sein, quand tu vois les taux de cancer aujourd’hui qui ont notamment augmenté chez les femmes de plus de, je crois que 108 % d’augmentation, un truc comme ça, donc c’est énorme. Mais tu vois il y a encore, je trouve qu’au niveau des associations, alors mon mari il me dit « Tu dois gérer ton association », et je me rends compte qu’il a raison, depuis le début, ce que je n’ai pas fait, puisque j’ai fait avec des bouts de ficelle. Moi au départ je n’étais pas, je ne suis pas une chef d’entreprise, mais je dois la gérer comme une association.

    Ombeline : Comme une entreprise, tu veux dire ?

    Annabel: Comme une entreprise. Et je me rends compte de plus en plus que là, effectivement, je suis entourée de super personnes. Et là je disais hier aux filles « C’est marrant, quand je vous regarde toutes, je me rends compte que vous êtes toutes des leaders ». Donc là on commence à être cinq, six nanas, et on est toutes des leaders. Ça c’est génial de se rendre compte de ça.

    Ombeline : Oui, oui. 

    Annabel: Donc je me dis, effectivement, on est en mode aujourd’hui entreprise, et plus en mode associatif. Mais donc ça veut dire que la suite devrait suivre aussi, et peut-être qu’il faut qu’on trouve un moyen de faire rentrer de l’argent, presque comme une entreprise et pas comme une association.

    Ombeline : Ou peut-être de trouver un multi-modèle économique.

    Annabel: Un multi-modèle économique. Voilà.

    Ombeline : Je ne sais plus dans quel épisode on avait parlé de ça où on disait ça que…

    Annabel: Eh bien ça, ça m’intéresse.

    Ombeline : En fait, les statuts aujourd’hui d’entreprises ou d’associations sont obsolètes, et qu’il faudrait justement pouvoir créer des systèmes…

    Annabel: Ouais.

    Ombeline :… qui puissent avoir aussi bien le côté associatif… 

    Annabel: Complètement.

    Ombeline :… que le côté création de richesse en fait. Et aujourd’hui ça n’existe pas. Ouais. 

    Annabel: Mais tu vois ça, c’est presque un sujet que devrait empoigner un gamin qui sort de HEC…

    Ombeline : Ouais. Ouais. 

    Annabel: … ou d’une grande école, parce qu’il n’y a pas. Il n’y a pas. Comme par exemple, il nous manque des CRM au niveau associatif, qui regroupent, qui proposent l’étendue de ce qu’on cherche : à la fois récolter des fonds, à la fois être en lien avec les équipes qui sont réparties dans toute la France. Il manque encore plein de choses au niveau associatif. Et c’est vrai que là, si l’équipe était plus importante, peut-être qu’on pourrait le faire. Mais je pense qu’il y a encore plein, plein de choses à faire pour qu’il y ait, que la frontière soit toute petite finalement entre le monde associatif et le monde des entreprises. Mais je pense que, si des chefs d’entreprise m’entendent, on aurait aussi besoin de vos conseils. Voilà.  

    Ombeline : Bien sûr. Bien sûr. Et d’ailleurs, moi j’adorerais recevoir ton mari dans le podcast.

    Annabel: Eh bien écoute…

    Ombeline : Voire même vous avoir tous les deux ensembles. Tu vois, on pourrait faire…

    Annabel: Alors ça, tu vois il m’a dit « Ça serait rigolo qu’une fois on soit invité tous les deux ».

    Ombeline : Eh bien ouais. Ça serait super. Ecoute on…

    Annabel: Et il pensait peut-être que Matthieu Stefani le ferait. Bon Matthieu, il a tellement de demandes en ce moment, mais c’est marrant. Eh bien du coup, tu vois, peut-être qu’on peut lui proposer mais, on se dit, parce qu’on a quand même deux personnalités très, très fortes, pas facile tu vois forcément au quotidien parce qu’on est vraiment deux… Alors on pense complètement pareil, c’est-à-dire que quand on s’est rencontré les deux, ça fait vingt-sept ans, Olivier il avait vingt et un ans et moi j’avais vingt-six ans, donc il voulait devenir businessman. Tout le monde me disait « Mais c’est qui ce gamin avec qui tu es, qui sait tout sur tout ? ». Et en fait bon, aujourd’hui il a quand même une entreprise de dix mille salariés, dans cinquante pays. Et pour lui, cette notion de « N’est pas possible » n’existe pas. Et en fait, quand il lance un projet, il est pareil que moi, il ne se pose pas la question de savoir si le projet il va avoir lieu ou pas, le projet aura lieu.

    Ombeline : Eh bien oui. En fait, il faut que ça soit non négociable, sinon il ne se réalise pas. 

    Annabel: Non négociable. Voilà. Et ça donc c’est marrant. Et on a en commun. Et il y a une fille de l’asso qui m’a, le soir de la représentation au ministère, qui me dit « Tu dois être fière de toi. C’est un bel aboutissement ». Et en fait, j’ai tourné la phrase toute la soirée dans ma tête, je me suis dit, en fait tu ne sais même pas, parce que je suis déjà dans l’après.

    Ombeline : Ouais.

    Annabel: Et je ne peux pas m’empêcher. Et en fait, pour moi, quand j’arrive à quelque chose, ce n’est jamais l’aboutissement de quelque chose, c’est le départ vers un nouveau projet. Et ça je pense par exemple, c’est ce qu’on a en commun avec mon homme.

    Ombeline : Ouais. Oui. Et puis il y a aussi l’urgence de cette mission.

    Annabel: Il y a l’urgence de cette mission et ce qui m’intéresse, moi je pense et je pense qu’Olivier, ça serait pareil, c’est peut-être plus que de réussir à monter un projet, c’est le chemin par lequel tu passes pour aller vers le projet. 

    Ombeline : Oui.

    Annabel: En fait, c’est tout ça qui est intéressant. Ce n’est pas de dire « Ça y est ! ». Moi, une fois que c’est fini, j’ai déjà envie de repartir sur quelque chose. Quand je bosse en télévision, quand on me disait en télé locale, tu peux proposer un projet, je le faisais pendant une année et après je disais « Mon Dieu, j’espère qu’ils vont me dire crées-en un autre » parce que je m’ennuyais, tu vois. Et en fait, je trouve que dans l’entrepreneuriat ou dans le monde associatif, ce qui est intéressant, c’est le chemin qui va t’amener vers ça. Mais je pense que c’est un peu propre de tous les entrepreneurs, non ? 

    Ombeline : Et puis c’est surtout un peu la raison d’être du podcast. 

    Annabel: Ouais. Ouais, ouais.

    Ombeline : Tu vois, c’est le chemin initiatique de l’entrepreneuriat. Et dans l’entrepreneuriat, moi j’inclus les associations. 

    Annabel: Ça c’est… Alors, je te félicite parce que ça, je trouve qu’on n’est pas assez… Ouais, on n’est pas assez soutenu et mis en avant justement, tu vois. On valorise beaucoup les chefs d’entreprise, c’est génial. Mais comme je le disais, les chefs d’entreprise, très souvent, ils font appel à des gens extérieurs pour lever des fonds aussi et sinon…

    Ombeline : Bien sûr. 

    Annabel: … ils font de la même façon. Voilà. 

    Ombeline : Et puis sinon, ils font appel à des clients. Enfin, je veux dire, c’est toujours pareil. L’argent, il rentre d’une façon ou d’une autre, c’est un flux. Donc voilà. Non mais en fait, tu sais, moi ce qui me touche beaucoup, et dont on parle souvent dans le podcast, c’est qu’on est dans une culture où il y a tellement de séparation entre la valeur de l’argent et la mission sociale et sociétale, c’est-à-dire c’est comme si on devait toujours faire un choix entre les deux.

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : Et le problème c’est que ce choix, il est aussi en nous. Et très souvent, on est dans le sacrifice de notre intégrité parce que justement on croit devoir faire ce choix intérieur : Est-ce que je fais de l’argent ou est-ce que je contribue ?

    Annabel: Oui. Ou alors, même… Enfin, je vais aller même plus loin tu vois. Aujourd’hui, avec toutes ces politiques RSE par exemple, nous on a des entreprises qui nous appellent en disant « On a mis en place des plateformes pour la conscience de l’entreprise », donc comme tu le dis, pour la conscience de l’entreprise, pour aider des… Et en fait nous on nous envoie des… On nous dit « Voilà, quelle mission voulez-vous donner à nos bénévoles ? ». Sauf qu’à chaque fois qu’on propose des missions aux bénévoles, ils sont censés le faire dans le cadre de leur entreprise, il ne se passe rien. Il ne se passe rien. Donc ça veut dire qu’aujourd’hui, on n’est encore pas capable de réunir. Je vais faire… Enfin, je ne veux pas mal m’exprimer, mais… Je vais gagner de l’argent d’un côté, mais je peux aussi le faire d’une manière avec une mission aussi à côté. Et je trouve qu’aujourd’hui c’est vraiment on a voulu imposer ça, avec cette politique RSE. Et je trouve qu’elle n’est encore pas super bien intégrée aux entreprises. 

    Ombeline : Oui mais ça c’est comme les quotas…

    Annabel: Comme les quotas moi ça m’exaspère.

    Ombeline : C’est n’importe quoi. Bon. Mais quand tu dis que ça ne fonctionne pas, qu’il ne se passe rien, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’il n’y a aucun bénévole qui pointe le bout de son nez ?

    Annabel: Eh bien jusqu’à maintenant on a deux plateformes qui nous ont dit « OK, nous on a des bénévoles qui sont prêts à vous aider ». On leur a dit « OK ! C’est quoi vos compétences ? Est-ce qu’on peut vous donner… Eh bien là, il y a Thierry Lhermitte qui vient la semaine prochaine. Est-ce qu’on peut vous donner un petit flyer à réaliser ? Est-ce que vous voulez nous aider à venir faire du rangement chez HOPE ? », personne ne répond. Et on est relancé par la plateforme. Oui, nous on veut bien. On en parlait ce matin en réunion. Et donc voilà. Donc il y a plein de choses qui se mettent en place. N’empêche que ce n’est pas encore rentré dans les états d’esprit. Et c’est comme si on veut se donner bonne conscience donc on dit à nos salariés « Vous pouvez aller aider des associations », et sauf que dans la pratique, ça ne se fait pas. Tous les gens…

    Ombeline : C’est… On en parle aussi dans l’épisode vingt-deux avec Audrey Destang, qui est la fondatrice de Popee. Et dans le podcast elle dit que tous ses salariés ont leur vendredi après-midi de libre pour des projets associatifs. 

    Annabel: Mais, est-ce qu’ils le font du coup ?

    Ombeline : Ils le font.

    Annabel: Ils le font !?

    Ombeline : Ils le font.

    Annabel: Je vais la contacter.

    Ombeline : Ouais. Carrément. Donc il y a les deux Audrey avec qui je peux te mettre en contact.

    Annabel: Ouais. Carrément. 

    Ombeline : Ouais. Ouais, ouais. Oui, ils le font. Elle en parle dans le podcast. Ça fait partie de la culture de l’entreprise. 

    Annabel: Ouais mais c’est bien. Mais tu vois, je pense que ce n’est encore pas, voilà, ce n’est encore pas véritablement acquis pour certaines entreprises d’une manière, ouais vraiment, ce n’est pas on se donne bonne conscience, on propose à des asso de les aider, c’est on s’investit réellement et on les aide. Alors là, après, il y a pas mal de choses à mettre en place.

    Ombeline : C’est une femme chef d’entreprise.

    Annabel: Ouais. Tu dis ça tu ne dis rien.

    Ombeline : Juste entre parenthèse. On s’est compris. De toute façon, on est dans une saison 100 % féminine, tu sais, là, la saison deux. 

    Annabel: Alors nous, on est beaucoup, beaucoup de femmes. Il y a Nicolas Chopin… 

    Ombeline : Alors dis-moi, voilà, je voulais te poser cette question. Donc, pourquoi les femmes ? 

    Annabel: Alors…

    Ombeline : Parce que les hommes aussi ont des cancers. 

    Annabel: Alors, ce qui est très bizarre, c’est que, on est pratiquement aidé que par des hommes, au niveau de nos ambassadeurs, sauf Justine Hutteau, Guila Braoudé qui était marraine du gala cette année, et Élodie Fontan. Je t’en parlerai puisque du coup elle devient marraine de l’association, donc tu vois…

    Ombeline : Justine Hutteau aussi j’aimerais bien l’avoir dans le podcast.

    Annabel: Eh bien Justine aussi. Justine, il faut la choper. 

    Ombeline : Ouais.

    Annabel: Je peux te mettre en contact aussi avec elle. Pourquoi que des femmes ? Parce qu’en fait, on s’est aperçu que le seul homme qui était dans l’association, c’était Nicolas Chopin, qui a cocréé l’association avec moi, et qui m’a soigné, moi pendant mon cancer, que quand les femmes se retrouvaient entre elles, ça ne faisait pas cinq minutes qu’elles se connaissaient, qu’elles se parlaient de leurs problèmes intimes, de leurs cicatrices qui les grattent, elle se montraient leurs seins, et qu’il se crée quelque chose d’immédiat, tout de suite. Ce qui fait que si on avait un homme à l’extérieur, ça ne serait pas forcément le cas, puisque l’homme médecin, on le met quand même à part. Et puis, soyons concrets, on n’a eu qu’une seule demande en sept ans d’un homme. Parce que les hommes n’ont pas le même rapport à la maladie, parce qu’il y a un tabou autour de la maladie pour les hommes.

    Ombeline : Il y a un tabou autour de la faiblesse en fait, quelle qu’elle soit.

    Annabel: Eh bien complètement. Eh bien tu sais, dans la comédie musicale, il y a des gens qui m’ont dit « Les hommes s’en prennent un peu plein les dents ». J’ai dit « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? ». Moi j’ai aussi travaillé par rapport à ce que les femmes m’ont raconté. Et on était tellement nombreuses à partir toute seule à l’hôpital, à préparer les tupperwares des enfants pour que le mari trouve la bouffe dans le frigo le soir. Je ne dis pas que les maris ne nous ont pas aidés, mais il y a un côté, je ne suis pas capable d’affronter ma femme, cette guerrière dans le quotidien, je ne suis pas capable d’affronter le fait de l’avoir dans un lit d’hôpital, qu’il y a beaucoup d’hommes qui ont déserté. Et notre force, on la trouve toute entre nous. Parce que quand on ne va pas bien, quand de nouveau on a peur, ce n’est pas juste une petite caresse dans le dos de notre mari ou même si il nous serre dans ses bras en nous disant « T’inquiète, ça va aller », ouais t’inquiètes, ça va aller, peut-être ça va aller, n’empêche que tu n’es pas passé par là et que c’est beaucoup plus facile d’être, d’échanger avec une autre femme qui a vécu la même chose et qui sait pourquoi elle a la peur au ventre, que un mari qui n’a pas vécu ça, ou même qui a vécu ça. Il y a une des filles de l’asso… Il y a deux des filles de l’asso qui ont vécu ça avec leur mec. Je ne suis pas sûre que les choses se soient inversées quand elles sont tombées malades. Tu vois ? Il n’y a pas… Ce n’est pas le même rapport à la maladie. Nous je pense aussi…

    Ombeline : Et puis ce n’est pas le même rapport au prendre soin.

    Annabel: Ce n’est pas le même rapport au prendre soin. Non. C’est… Je pense que les femmes, on est quand même beaucoup dans je fais attention à l’autre, tout de suite. Tout de suite. On est formaté comme ça. Je veux dire…

    Ombeline : Ça y est, ça bug.

    Annabel: Tu le sais très bien. Tout est centré vers ton enfant et voilà. Et tu as ce truc de te dire, quand tu vas avoir d’autres enfants, est-ce que je vais être capable de l’aimer autant que les autres ? Et cet amour qui se démultiplie. Et quand tu rencontres d’autres femmes dans la communauté, c’est pareil. Tu te dis voilà, est-ce que je vais être aussi capable, et puis finalement, tu te rends compte que tu es capable de remplir ton cœur de toutes ces nouvelles personnes qui arrivent. Et voilà. Et oui, on est dans le soin. Voilà. Je crois qu’on est vraiment dans le soin et… Heureusement que de toute façon, heureusement que les hommes et les femmes ne sont pas faits pareil, sinon il n’y aurait pas d’intérêt non plus à vivre ensemble. C’est cette différence là qui fait la richesse de nos relations aussi. Mais, voilà. Pour répondre à ta question pourquoi que des femmes. Alors après, pourquoi que des hommes ? Alors, on a beaucoup d’hommes qui nous aident. Matthieu Stefani, qui est très, très actif. Là, il a présenté le gala cette année. Thierry Lhermitte qui nous a dit ne pas pouvoir être parrain de l’association parce que Thierry, il est ambassadeur, parce qu’il est parrain de la Fondation pour la Recherche Médicale. Là, on va avoir des gars qui sont des chefs d’entreprise, donc voilà. Justine Hutteau qui nous aide aussi quand elle peut, parce que j’aimerais qu’elle puisse dire aussi le cancer, ça touche aussi des jeunes femmes. Et puis là, Élodie Fontan, qui était au gala, qui a trouvé le spectacle tellement génial et je lui dis « Ecoute, on a peu de femmes qui nous soutiennent. Beaucoup d’hommes, bizarrement. Est-ce que tu serais OK d’être la marraine ? » et elle a dit banco. Donc on se voit au mois de novembre pour voir comment on communique pour annoncer le fait qu’elle soit marraine. C’est une cavalière, c’est une comédienne. Donc elle réunit aussi, comme Thierry Lhermitte, tout ce qu’il faut pour être la parfaite marraine de l’association tu vois. 

    Ombeline : Et les cinq cents femmes que vous avez accompagnées, j’imagine qu’il y en a certaines qui ont envie de contribuer à un moment donné, qui ont peut-être envie de rendre quelque chose.

    Annabel: Alors il y en a beaucoup. Il y en a. Et tu vois, cette année, on a fait une opération qu’on renouvelle cette année, du 12 au 14 Mars, qui s’appelle Charidy. Tiens, ça, c’est une femme que tu peux interviewer. Tu ne connais pas Anna Cohen ?

    Ombeline : Peut-être.

    Annabel: Alors ouais, Anna Cohen, elle a monté un truc. Elle est responsable de Charidy France. Charidy, c’est une plateforme de récolte de fonds pour les associations. Et c’est ma meilleure amie, Juliette Thunet, qui est… J’aimerais bien que ma meilleure amie Juliette Thunet elle soit aussi interviewée dans un podcast, une fois parce qu’elle est…

    Ombeline : Tu sais, en fait, on va faire une table ronde.

    Annabel: Ça serait génial.

    Ombeline : Avec ton mari, avec Juliette, avec… On va faire ça. 

    Annabel: Non, parce que tu vois, Juliette, c’est mon amie depuis vingt-six ans, et elle m’aide presque depuis le début pour l’association, mais elle est réellement rentrée au sein de l’association il y a trois ans. Et on a, moi, je suis la fofolle, l’étalon noir qui galope à trois mille à l’heure, et elle, elle est la cavalière qui me freine un petit peu. Elle ne monte pas du tout à cheval, mais c’est une image, parce que Juliette, elle a fait une école de commerce, donc elle est beaucoup carrée. Et des fois, j’aimerais bien que ce soit elle qui soit aussi interviewée, même si je suis la cofondatrice, parce que l’association n’aurait pas pris autant d’essor si elle n’avait pas été là ces trois dernières années, parce qu’elle m’a permis de restructurer l’association et elle m’a permis d’avancer en mettant toutes les bases, enfin, de reposer toutes les bases pour qu’elles soient solides. Parce que moi, je montais ça avec des bouts de ficelle, avec mon énergie, avec ma fougue. Mais je suis quelqu’un de très bordélique. C’est peut-être ce qui fait mon charme. Mais voilà. N’empêche que je ne suis pas structurée. Et si je n’avais pas eu Juliette dans l’association… Elle me dit tout le temps « Arrête de m’appeler co-directrice, je ne suis pas codirectrice », mais enfin Juliette, si tu n’avais pas été là, l’asso elle n’aurait pas pris cette ampleur. On est allé… On a pris un TGV depuis trois ans.

    Ombeline : Mais tu vois, je trouve que c’est très important ce que tu dis. Et je pense que c’est la force des associations.

    Annabel: A fond.

    Ombeline : Parce que quand tu es une association, il n’y a pas l’enjeu financier. Il n’y a pas l’enjeu de payer quelqu’un pour faire quelque chose. 

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : Et donc forcément, le point commun de tout le monde, c’est cette mission, c’est ce pourquoi, c’est cette motivation, cet engagement.

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : Et donc, peut être que c’est plus facile d’aller chercher des gens et de t’entourer et de reconnaître aussi les compétences que toi tu n’as pas. Et tu vois, de constituer une équipe, comme tu disais tout à l’heure, aujourd’hui il n’y a que des leaders dans l’équipe, mais quelque part, c’est aussi parce que c’est une association à mission.

    Annabel: Ouais. 

    Ombeline : Que tu réussis ça. Et ça, c’est un très bel exemple inspirant pour les entrepreneurs et les entreprises qui ont souvent des difficultés, tu vois, à s’entourer, à déléguer un peu le pouvoir aussi, à reconnaître peut-être leurs incompétences ou leurs zones un peu plus de leurs points faibles, ou qui se freinent par l’enjeu de l’argent. Enfin voilà. Je pense que c’est important de le dire. Eh bien voilà, une des clés de succès, c’est aussi ça, c’est aussi de dire je m’entoure de personnes qui ont des compétences autres que moi, qui ont un potentiel complémentaire au mien, je m’entoure de leaders et pas d’exécutants. 

    Annabel: Complètement. 

    Ombeline : Tout ça c’est important. Ouais.

    Annabel: Mais tu vois, souvent je me pose la question parce que, effectivement, quand tu as une forte personnalité et que tu avances dans les projets, des fois je me dis j’espère que je n’ai pas ce côté « j’impose les choses ». Donc, je pose souvent la question à mes équipes. Et là, hier, quand il y a la nouvelle salariée qui intégrait, il y a Sandrine qui est donc l’assistante de direction, directrice administrative de l’association, qui bosse depuis huit mois avec nous, je dis « Est-ce que tu es d’accord que dans le boulot vous êtes ultra autonomes et que je vous laisse travailler en autonomie ? ». Je dis « Aline, moi, je me fiche des horaires que tu fais, peu m’importe la manière dont tu vas travailler. Je te laisse l’entière responsabilité de travailler comme tu as envie de travailler ». Et moi, c’est ce que j’aime dans notre association, c’est qu’aujourd’hui j’ai en place des leaders à chaque poste. On a Kathy Chatelain qui est responsable de toute récolte de fonds sur la Haute-Savoie. Il y a Emeline, qui vient de « A chacun son Everest ! », Sedjal, qui est responsable de la maison HOPE, qui va gérer toute seule la maison HOPE. Il y a Juliette qui travaille à la codirection de l’association avec moi pour gérer l’ensemble des projets. Il y a Aline qui va gérer maintenant cette récolte de fonds. Et on est toutes… Il y a aussi Florence Kabut qui travaille avec Emeline sur la maison Hope et les séjours. Et on est toutes des très, très fortes personnalités. Alors je sais que des fois, j’impose aussi des choses, pas parce que je veux les imposer, mais parce que je vais tellement vite que des fois on me dit « Ouais, des fois on galope un peu derrière toi », ce n’est pas dans le sens j’impose en force, c’est que des fois je ne me pose pas forcément la question. Tu vois, là, tout à l’heure, j’avais Florence au téléphone, elle me dit « Là, tu veux faire un clip, tu veux partir en tournée. Anna, prenons le temps quand même de demander à toute l’équipe et à toutes les Hoptimistes de la comédie musicale si elles se sentent capables de le faire, si on fait deux équipes, et cetera ». Donc peut-être, mais peut-être que des fois je vais trop vite et que je fonce et que je devrais demander plus l’avis des gens. Mais n’empêche que de temps en temps, je m’arrête en me disant « Est-ce que j’impose trop de trucs ? Est-ce que je peux avoir un côté dictateur ou pas ? », parce que ça, ça me stresse, de me dire, tu vois, je ne voudrais pas que les gens se disent… Oui, parce que je prends de la place. Tu le sais qu’en tant que dirigeante d’association, tu prends de la place, forcément. Si tu avances aussi, c’est parce que tu as une personnalité. Mais je m’interroge quand même souvent sur « Est-ce que j’en fais trop ? », voilà, « Est-ce que je laisse de la place aux autres ? »

    Ombeline : Est-ce que tu as la réponse ?

    Annabel: Ouais. Alors, je pense que je prends de la place. Mais oui, mais les filles qui me disent, elles me disent « Non, non. En fait tu n’empiètes jamais sur nous, et tu nous laisses hyper autonomes », et ça, c’est super agréable. Elles disent « C’est vrai qu’on peut avancer sans toi, tu es toujours là », même quand je suis en vacances, tu vois, même quand je suis en vacances je ne coupe pas mon téléphone. Elles savent qu’elles peuvent me déranger tout le temps si elles ont des questions. Mais je leur dis « Prenez des décisions. Vous n’avez pas besoin de toujours que je sois derrière vous pour vous dire oui ou que Juliette soit derrière vous. Aujourd’hui, vous faites partie de l’asso, on est une communauté et on est un comité de direction. Je ne suis pas toute seule. Donc voilà. Donc oui, je pense ou j’espère, mais après ça sera intéressant tu vois de les interroger aussi, les filles qui bossent avec moi.

    Ombeline : On peut les inviter à te faire un feedback aussi en t’écoutant là. 

    Annabel: Ouais. Carrément. Eh bien carrément ouais, ouais. Ça serait très intéressant. Très intéressant.

    Ombeline : Alors attends, je reprends un peu le fil de mes notes. Donc, trouver des fonds, j’ai l’impression de me prostituer, ça on en a parlé.

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : L’équilibre entre le « donner » et le « recevoir » en tant que dirigeante, les difficultés à concilier l’intégrité et la croissance de l’association et la notion de leadership par la résilience et le courage. Est-ce que tu aimerais ajouter des choses sur ces thèmes-là ? Qu’est-ce qui aurait besoin d’être ajouté pour que ça soit complet ? sur la notion de sur la 

    Annabel : Sur la notion de leadership, sur la notion de… Tu as dit un autre mot avant. Attends, c’était sur…

    Ombeline : L’intégrité.

    Annabel: La ?

    Ombeline : L’intégrité. Concilier l’intégrité et la croissance. 

    Annabel: Moi l’intégrité je n’ai pas vraiment de problèmes, pas tellement de problèmes par rapport à ça. La notion de croissance, non. Ecoute, je crois que oui… Alors non, après, entre « donner » et « recevoir ». Voilà. 

    Ombeline : Oui, parce que j’allais dire dans l’intégrité, il y a aussi le « donner » et le « recevoir »

    Annabel: Ouais. J’ai plus de mal à recevoir qu’à donner. 

    Ombeline : Oui, j’imagine.

    Annabel: Voilà. J’ai… Tu vois, je préfère faire des cadeaux aussi qu’en recevoir, sauf quand on me donne des sous pour HOPE.

    Ombeline : Oui, ce n’est pas pour toi, c’est pour HOPE. 

    Annabel: Ah oui mais des fois j’ai tendance à dire vous ne me donnez rien à moi, je fais une fête, pas de cadeau, c’est pour HOPE. Je dis à mon mari, je ne veux pas de cadeau, c’est pour HOPE. J’ai du mal. Pourquoi ? Parce que déjà je trouve que la vie m’a gâté. Alors j’ai une copine qui une fois, justement, Florence Kabut qui me dit « La vie ne t’a pas gâté, c’est parce que tu décides de voir la vie comme ça ». 

    Ombeline : Ouais.

    Annabel: Il y a quand même eu un avortement thérapeutique, trois cancers, voilà. Oui. En même temps, aujourd’hui, j’ai les moyens de bosser gratuitement depuis sept ans pour mon association, parce que je n’ai pas besoin d’avoir un salaire à la fin du mois. Ça, ce n’est pas négligeable non plus. Donc je me sens quand même gâtée puisque quand j’ai rencontré mon mari, on n’avait pas un radis, quand même, et qu’aujourd’hui j’ai les moyens de pouvoir faire tout ça.

    Ombeline : Mais tout ça, vous l’avez créé ensemble aussi.

    Annabel: Et ça, on l’a créé ensemble. Bien sûr. On a fait des choix de carrière. Quand j’ai arrêté le journalisme, il m’a dit « Tu sais que si tu arrêtes, ça sera compliqué de revenir ». Je dis « Oui, mais je ne veux pas élever mes enfants dans ce milieu. Donc oui, je fais ce choix là et je suis sûre que je trouverai d’autres projets ». Voilà. Donc ça, ça a été des choix de vie. Après, de trouver un bon équilibre, peut-être que ma fille te dirait des fois que je vis un peu trop HOPE et en même temps, quand des fois je lui dis… Il me reste un an et demi avec la petite dernière parce qu’après elle part faire ses études et je lui dis, quand je dis « Mais des fois, tu aimerais que j’arrête ? », « Pas du tout maman, tu t’emmerderais trop », donc. Et puis l’été dernier, c’était marrant parce qu’elle est venue, tu sais, on fait toujours un bilan à la fin d’un séjour, et elle est venue, ce jour-là elle montait son poney, et elle a écouté les femmes pour remercier toute l’équipe et conclure le séjour. Elle dit « Ah, je savais que c’était bien ce que vous faisiez ». Et de l’entendre c’était, tu vois, elle avait un peu les larmes aux yeux. Voilà. Donc…

    Ombeline : Ouais. J’en ai des frissons.

    Annabel: Ouais, voilà. Donc je sais que mes enfants, ils sont super fiers de moi. 

    Ombeline : Et puis attends, c’est une femme. C’est une future femme.

    Annabel: C’est ça. Ouais. 

    Ombeline : Donc c’est encore plus. C’est ça qui est puissant, c’est qu’elle, tu vois, tu lui transmets cette puissance de sororité. 

    Annabel: Alors elle, elle est déjà comme ça parce qu’elle a un rapport avec ma maman, que j’ai inclus d’ailleurs dans la comédie musicale, qui n’a pas un cancer mais qui fait partie de la team parce qu’il y a des moments où elle anime des ateliers peinture, soixante-dix-huit ans elle chante, elle danse sur scène, tu vois, et Charlotte est très, très proche de ma maman, et du coup, ça continue ce truc, tu vois, de sororité et de passage. Alors après, je ne suis pas sûre qu’elle aura envie de vivre dans le milieu associatif. Parce que voilà, parce qu’elle se rend compte que c’est très chronophage. Des fois elle me dit « Lâche un peu ton téléphone » ou… Au mois de février, quand je n’allais pas bien, parce qu’au mois de février l’année dernière, j’ai vraiment cru que j’allais devoir tout arrêter parce que je trouvais que c’était trop tu vois, aller chercher de l’argent, monter le gala, soutenir tous les projets. J’ai eu un gros coup de blues. Et puis je faisais beaucoup, beaucoup d’insomnies à cette période. Je suis une grosse insomniaque moi, donc il y a des périodes où je dors mieux et des périodes où je fais vraiment des grosses insomnies. Et dans ces cas là, j’ai tendance à voir tout en noir. Et Charlotte m’avait coupé les notifications de mon téléphone, le soir, allez, de vingt heures à six heures et demi du matin, et le weekend. Elle dit « Maintenant, tu stoppes parce que c’est trop ». Elle me dit « Tu ne vas pas arrêter ton association parce que ton association, c’est ta vie, mais il faut aussi que tu prennes un peu de temps pour toi ». Donc ça, ce n’est pas forcément évident. En fait, ce qui n’est pas forcément évident, c’est quand ton job, c’est ta passion, d’arriver à mettre un stop de temps en temps. Et je me rends compte, même quand je suis en vacances…

    Ombeline : De poser des limites.

    Annabel: De poser des limites.

    Ombeline : Elle est là ton intégrité.

    Annabel: Peut-être. Ouais. 

    Ombeline : Et alors, il y a une question que j’aime bien poser moi dans le podcast. Qu’est-ce que tu reçois de HOPE ?

    Annabel: Oulah ! Tellement d’amour, tu vois. Oui du coup, là tu vois… Ouais, j’en reçois énormément. Des fois je pleure, mais d’habitude je pleure un peu moins. En fait, quand tu donnes, quand tu donnes comme ça, en fait, si les gens comprenaient à quel point donner aux autres, c’est beaucoup plus satisfaisant que tout le reste, parce que c’est incroyable ce que tu… En fait, même si…Même des fois de voir un de mes chevaux qui n’était pas prêt à faire de l’équithérapie mais qui de fait sont devenus des chevaux d’équithérapie, donner aux femmes… Aline qui vient de démarrer dans l’asso, je prends cet exemple parce que, donc, elle a travaillé pour d’autres associations pour récolter des fonds. Mais avant ça, c’était un groom, une cavalière de haut niveau qui a eu un grave accident de cheval, qui aujourd’hui a un statut d’handicapé, qui n’a pas pu approcher les chevaux pendant dix ans. Et quand elle a vu, on cherchait quelqu’un, elle est venue aux écuries à reculons. Ce jour-là, on avait un séjour avec des femmes et j’ai dit écoute, elle me dit « Je ne peux plus approcher un cheval », je lui dis « Si. Tu vas approcher un cheval ». J’ai demandé à Yannick, une de mes équithérapeutes, j’ai dit « Tu vas prendre Magie, ma jument, qui m’a aidée moi, et tu vas aller faire une séance d’équithérapie avec Aline ». Elle a pleuré pendant deux jours. Elle a revécu tout son accident et elle dit « Ça a été le déferlement d’émotions ». Et en fait, ça, quand… Rien que des fois, je n’ai pas besoin que les femmes, elles me disent merci si tu veux, mais des fois rien que de les voir dans le rond de longe avec un de mes chevaux, se connecter, danser avec eux, avoir des étoiles plein les yeux ou des larmes d’émotion, voilà, c’est un truc de fou. Donc, c’est indescriptible tout ce que je reçois de HOPE. C’est… Alors après, oui, des fois des jalousies d’autres associations ou de voilà. Mais je pense que de toute façon, à partir du moment où on fait quelque chose, il y aura toujours des jalousies. J’essaie de passer outre et puis je m’en fiche. Mais tout ce que je reçois des femmes, des chevaux, de tout c’est… Tu deviens addicte à ça. C’est hyper…

    Ombeline : Ouais. Je sens que ça vient vraiment toucher. 

    Annabel: Je vais prendre un mouchoir.

    Ombeline : En quoi c’est important, la guérison des femmes ? 

    Annabel: Parce que je pense que chaque femme qu’on voit c’est un, égoïstement, enfin, humainement, je dirais c’est notre miroir aussi. Tu vois, savoir que Lisa là est partie alors qu’il y a deux mois elle courait encore partout, et que j’ai encore sa voix sur mon téléphone parce qu’elle était super active dans la comédie musicale, chaque maladie nous renvoie à la nôtre aussi. Donc chaque femme qui guérit et chaque femme qui va mieux, c’est une part de nous-même qui va mieux. C’est ça aussi. C’est la condition humaine. Donc toutes ces femmes à qui on tend la main, qui vont mieux en sortant de chez HOPE, c’est une victoire, c’est une victoire pour nous. Et puis, c’est un peu de nous qui… Ouais, moi, je crois que chaque séjour, nous, on adore faire les séjours, l’équipe de HOPE. Emotionnellement, ça peut être difficile. Quand on ressort, on est très fatigué, comme les chevaux aussi sont fatigués. Mais en fait, on est presque addicte à ça. Emeline, par exemple, qui vient de « Chacun son Everest », aussi, elle dit à chaque fois elle a hâte de recommencer parce que c’est ce truc de sororité tout ensemble. Tu vois, mes enfants, ils ont vu des ateliers, ils disent des fois ça fait un peu secte. Mais non, ce n’est pas secte, c’est un partage autour de, dans le chant, dans la danse.

    Ombeline : Et c’est pour ça tu vois, là, il y a quelque chose de très profond, que je n’arrive pas à mettre en mots. Mais cette guérison de la femme, c’est quelque chose de très profond. Ce n’est pas que par la maladie, ce n’est pas que parce que c’est miroir de notre maladie. Il y a quelque chose de beaucoup plus profond que ça. Est-ce que tu le perçois aussi ? 

    Annabel: Oui, oui, oui, non, c’est sûr mais… Après, c’est peut-être la notion de vie, tout court. Tu sais le fait qu’on donne la vie.

    Ombeline : Ouais, c’est la vie en fait. Ouais. 

    Annabel: Tu sais on a écrit une chanson qui s’appelle « Nana maline », et elle s’appelle « Cancer du col de l’utérus… ». Et on raconte dans cette chanson comment tu découvres que tu as un cancer, comment c’est important d’expliquer à ta fille à partir du moment où elle a ses ragnagnas qu’elle va devenir une femme, qu’elle va donner la vie et qu’elle aussi quelque part, elle va transmettre tout ce qu’il y a de bien et de mal. Et, cette chanson, elle nous bouleverse aussi à chaque fois qu’on la chante, parce que je pense que c’est ça, c’est aussi c’est… Ouais, je pense que c’est ça, c’est une grande chaîne de vie. 

    Ombeline : C’est vrai, tu as raison. C’est ça en fait, c’est guérir, quelque part, c’est guérir le berceau de la vie. 

    Annabel: Ouais, c’est ça. 

    Ombeline : Ouais. Et quand on guérit une femme, on vit sur terre quoi.

    Annabel: Ouais, ouais. Et je pense qu’on a, ouais, une force toute ensemble qui est phénoménale, donc mixée à tout ce qu’on a en nous de, tu vois, quand on est toutes ensemble, la danse, quand on danse avec les chevaux, on a un rapport à la terre.

    Ombeline : Oui. On est très chamanique aussi.

    Annabel: Complètement. Et il y a quelque chose de très, très spirituelle quand même. Et d’ailleurs, c’est marrant que tu parles des transes chamaniques parce qu’avec le médecin qui me suit sur le sommeil, on va faire, on va essayer les transes cognitives avec les chevaux. On va expérimenter ça. Et il y a déjà des choses qui sont faites avec Corine Sombrun, tu sais qui….

    Ombeline : Oui, oui, oui.

    Annabel: Voilà. 

    Ombeline : Qui avait fait le film en Mongolie.

    Annabel: Tu l’as interviewée ?

    Ombeline : Non, mais c’est celle qui a fait le film en Mongolie.

    Annabel: Ouais, c’est génial, « Un monde à part ». 

    Ombeline : « Un monde à part », ouais.

    Annabel: Et du coup, il y a des formations sur les transes aujourd’hui qui sont faites et avec le médecin du sommeil, on va expérimenter les transes avec les chevaux. Justement, aujourd’hui, il y a des études cliniques sur les transes cognitives et le cancer du sein, pour voir en quoi ça pourrait… Mais ce côté là, tu vois, on n’en parle qu’entre femmes. Avec les hommes on n’en parle pas.

    Ombeline : Et en plus, enfin tu vois, là je fais le lien d’un coup. Guérir, guérir le vivant, et quoi de plus symbolique que le sein ?

    Annabel: Eh bien oui. Ouais, c’est sûr.

    Ombeline : C’est incroyable. Ouais. 

    Annabel: Ça c’est sûr. Ouais.

    Ombeline : Ouais.

    Annabel: Donc, ce sein, ouais. Eh bien moi tu vois j’enlève… Ça fait dix ans que ma prothèse m’em —, et donc je me fais opérer le cinq décembre pour l’enlever et me remettre à plat. J’angoisse un peu parce qu’elle me fait mal depuis dix ans et qu’il va falloir gratouiller la vilaine cicatrice qui doit être en dessous. Mais c’est une étape aussi. C’est dix ans, et chaque année je me disais « Allez, il faut que je finisse les reconstructions, que je mette la graisse, que machin truc », et je ne l’ai jamais fait. Et là, je vais le faire. Donc c’est une nouvelle étape pour moi quand même. Donc, pas la peur d’être à plat, je m’en fous, parce que je trouve que cette, tu vois, ce sein et cette féminité, par exemple, moi c’est quelque chose, je n’ai pas été touchée dans mon intégrité, par le fait qu’on m’enlève ce sein. Pour moi, la féminité, elle ne passe pas par ça, elle passe par tout ce qu’on a dit avant : passe par le fait de donner la vie, passe par cette sororité, par ce lien à la terre. Et puis il y a quelque chose de spirituelle, je ne sais pas. Pour moi, c’est tout ça la féminité.

    Ombeline : Bien sûr. C’est la puissance féminine. 

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : Evidemment que c’est au-delà d’un organe ou c’est au-delà d’une morphologie ou… 

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : Mais tu vois, on a besoin de l’assumer ça, en tant que femme.

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : On a besoin de se reconnecter à ça et on a besoin de l’assumer. On a besoin de l’incarner. On a besoin d’être soutenue dans cette puissance là et on a surtout besoin d’hommes qui assument aussi cette puissance.

    Annabel: Et il n’y en a pas beaucoup.

    Ombeline : Il n’y en a pas beaucoup, mais il y en a. Et j’espère que, enfin, si j’ai ajouté à tes intentions une chose, ça serait aussi ça, ça serait même si HOPE n’accompagne que des femmes, quelque part, c’est aussi un message aux hommes de dire, mais en fait on a besoin que vous soyez aussi dans votre puissance.

    Annabel: Ah complètement. Complètement. Et d’ailleurs, nous on ne ferme pas la porte aux hommes. Tu vois, côté suisse, les cliniques qui vont nous soutenir m’ont dit « Est-ce qu’on peut proposer à des hommes ? », je me dis eh bien essayons. Peut-être qu’on peut faire d’abord un groupe hommes, un groupe femmes et puis un groupe mixte. Pourquoi pas ?

    Ombeline : Ouais

    Annabel: Et voilà. C’est…

    Ombeline : Je pense aussi à Renaud Guerin qui est venu dans le podcast, qui est devenu entrepreneur après un cancer.

    Annabel: D’accord.

    Ombeline : Et qui aujourd’hui est devenu un expert du jeûne, parce que lui c’est grâce au jeûne en fait qu’il a guéri. Donc voilà, ça pourrait peut-être être un homme qui soutient…

    Annabel: Ouais. Pourquoi pas ? Ouais.

    Ombeline :… qui soutient aussi HOPE, ou qui fait partie des experts que vous accueillez dans vos séjours. Enfin je ne sais pas, je lance ça comme ça. Il n’est pas du tout au courant que je parle de lui mais.

    Annabel: Bon après, tu vois, Matthieu Stefani, en tant que chef d’entreprise, Matthieu c’était marrant parce que quand je lui ai demandé il m’a dit OK pour faire partie du conseil d’administration, et en fait il est vraiment ultra actif. Et puis cette année je lui ai dit « En fait, je ne vois pas pourquoi je cherche quelqu’un pour présenter le gala. C’est toi qui dois présenter le gala ». Et sa femme a eu un cancer cette année. Donc, six mois après avoir fait partie du conseil d’administration, il était lui-même touché, et du coup, il est vachement touché quand il voit le spectacle aussi Matthieu, et c’est quelqu’un d’extrêmement sensible. Et Thierry qui n’a pas du tout non plus ce côté chef d’entreprise mais qui est un homme de cheval, a cette sensibilité où il peut pleurer aussi sur un truc à la con tu vois, où on peut avoir… Ça nous est arrivé de, je ne sais plus de qui on parlait ou d’un truc avec des chevaux, de pleurer tous les deux sur des moments d’émotion comme ça que nous donnent les chevaux aussi. Donc…

    Ombeline : Je pense qu’on est… J’espère qu’en 2023 on a dépassé un peu ce stéréotype de l’homme qui doit être fort, qui ne doit rien montrer, enfin, au contraire, je veux dire ils sont tellement plus puissants quand ils montrent tout en fait.

    Annabel: Ouais, ouais, c’est clair.

    Ombeline : Voilà. Exactement. Exactement. Tu vois, enfin, ça fait plusieurs fois que tu parles de Matthieu Stefani et, en fait, je crois que… Je ne sais pas s’il sera un jour invité du podcast, mais je crois que ce que j’aimerais au fond et quelque part je lui parle, à travers notre interview…

    Annabel: Je lui dirais d’écouter.

    Ombeline : D’ailleurs, c’est par un de ses… C’est quand il a écrit un post en disant qu’il allait être présentateur du gala, je crois que c’est comme ça qu’on se connaît.

    Annabel: Oui, c’est comme ça. Tu as liké le poste et tu m’as contacté.

    Ombeline : Ouais, c’est ça.

    Annabel: Tout à fait.

    Ombeline : Et donc, en fait, je crois que j’aimerais créer des interviews avec lui. 

    Annabel: Quel type d’interview alors ?

    Ombeline : Un peu un mix de ce qu’on fait déjà, lui, et aborde quand même aussi beaucoup plus l’aspect stratégique de l’entrepreneuriat. Et moi, amener aussi ce côté spirituel et peut-être, voilà profond. Enfin voilà. Donc, je lance le truc. Peut-être qu’un jour ça se fera. Pourquoi pas, tu vois, vous interviewer tous les deux, toi et ton mari…

    Annabel: Ouais.

    Ombeline :… avec lui. Ça serait sympa. Enfin voilà. Donc… 

    Annabel: Ça pourrait être rigolo parce que tu aurais le chef d’entreprise… Alors il va falloir qu’on se cale pour ne pas se couper la parole, les trois.

    Ombeline : C’est ça.

    Annabel: Entre Mathieu qui prend du temps, des fois, là je lui ai envoyé un message parce que, entre Mathieu, je me suis dit comment il va faire un truc de TF1 de deux-trois minutes, en plus et je l’ai vu, il avait un prompteur, et je me suis dit, et j’ai dit « Tu sais quoi, chapeau », parce que comme il est extensible dans le temps et qu’il prend du temps, et c’est ce qui est agréable. Moi, j’entends Matthieu Stefani tous les matins dans la salle de bain de mon mari, qui est podcast dans la salle de bain, dans la bagnole, sur son vélo. Donc j’entends Matthieu tout le temps. Des fois je lui dis « J’en ai marre de toi ».

    Ombeline : Mais j’espère que maintenant tu vas entendre le podcast Vérité aussi, que ton mari va l’écouter.

    Annabel: J’espère que… Ouais, en général il les écoute, il prend le temps de les écouter.

    Ombeline : Ouais.

    Annabel: Et donc voilà, je me suis dit mais comment il va faire. Et en fait, je lui dis « Mais tu as hyper bien géré le truc court, le prompteur, la spontanéité et tout ». Il était… Tu l’as vu ? Il était top. Il était top. Donc voilà. Mais je te mettrais en contact avec lui. Une interview à trois, ça peut être rigolo. 

    Ombeline : Eh bien quatre du coup. 

    Annabel: Alors il y aurait Juliette. 

    Ombeline : Non, je pensais à toi, ton mari c’est Olivier, il me semble.

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : Si j’ai bien entendu, Matthieu, et moi.

    Annabel: Ah ouais. Bref, interesting. Deux femmes, deux hommes.

    Ombeline : On arrive à la fin de notre épisode Annabel. Ça a été très, très riche, très émouvant, très inspirant. Je te remercie pour tout ça. 

    Annabel: Merci à toi.

    Ombeline : Et avant que je ne te pose les dernières questions pour clôturer, qu’est-ce qui aurait besoin d’ajouter à cette conversation pour que tu puisses passer les messages que tu voulais passer ?

    Annabel: Eh bien voilà, peut-être que ce que je disais tout à l’heure, qu’on soit plus… Alors, déjà, je voudrais remercier toutes les personnes qui ont été présentes et qui nous ont soutenu au gala, parce que ce n’était pas gagné. Et vraiment, mille merci. Je voudrais remercier toutes les Hoptimistes et les équipes de HOPE, qui me soutiennent depuis sept ans, Nicolas Chopin qui m’a suivi aussi dans cette folle entreprise, mes amis à droite, à gauche, mon amie d’enfance qui est responsable du bureau de Paris, toute mon équipe ici, donc que j’ai cité aussi tout à l’heure, mais toutes les Hoptimistes qui sont dans cette comédie musicale et qui nous font confiance depuis sept ans. Et puis dire que à nous tous, on est une force de dingue. Donc voilà. Là il va y avoir Charidy tu vois en… Ouais parce que je n’ai pas fini tout à l’heure sur Charidy, mais l’année dernière, on s’est rendu compte de la force de la communauté quand on a fait cette plateforme avec Anna Cohen, ou de récolte de fonds, où chacun pouvait donner. L’idée, c’est de monter des équipes, finalement, de trouver des grands donateurs. Donc là, s’il y a des chefs d’entreprise qui nous écoutent, on cherche des grands donateurs pour doubler les dons des ambassadeurs et on monte des équipes. Il y avait une équipe canadienne, une équipe en Belgique, une équipe en France et au final, on a récolté 100 000,00 euros, sur trois jours, avec près de mille donateurs. 

    Ombeline : Waouh !

    Annabel: Pour la plupart, on ne les connaissait pas. Mais c’était nos Hoptimistes qui avaient monté leurs équipes. Et ça, c’était une force de dingue. Et cette année, j’espère doubler ou tripler le nombre de donateurs, même si c’est des tout petits dons. Et en plus c’était ultra ludique et ça fédérait la communauté. On a eu une visibilité sur les réseaux de ouf. Donc, s’il y a des gens qui veulent nous aider en tant que matcheurs donc grands donateurs, s’il y a des gens qui sont des People qui veulent nous aider en créant des petits messages et en partageant nos posts. Et puis voilà, dire que, ne jamais renoncer à ses projets et à ses rêves. Que suivre ses rêves c’est, en fait, ce que je dis tous les jours à mes enfants « Vous aurez gagné sur le chemin de votre vie beaucoup de temps, si vous savez pourquoi vous vous levez le matin ». Savoir pourquoi on se lève le matin, même quand on a passé une nuit de merde et qu’on n’a pas dormi de la nuit, mais savoir pourquoi tu te lèves et ce que tu vas faire dans la journée, et pourquoi tu es là, franchement, ça n’a pas de prix. Donc, c’est ça. Peut-être, allez jusqu’au bout de vos rêves et ne vous dites pas « Ah, je ne vais pas y arriver », si. En fait, notre mental, il est ultra puissant. Je te disais que je nage en eau froide, je l’ai expérimenté, moi qui étais une grande, grande frileuse. Notre mental, quand tu lui dis quelque chose et que tu le conditionnes, il est capable de fiou. Parce que, à mon avis, on ne se doute pas de la capacité de notre mental. 

    Ombeline : Ouais. Oui et puis, enfin, tu sais moi dans ma pratique de coaching, enfin, c’est tellement fréquent que finalement les personnes n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs parce qu’au fond, ou leurs rêves, parce qu’au fond elles n’ont pas pris la décision.

    Annabel: Mais oui, c’est ça. C’est ça. Et en fait quand tu… De toute façon, c’est comme si tu te dis il faut que j’aille derrière cette porte, il y a un mur, bon, il va falloir trouver un moyen de franchir le mur.

    Ombeline : Oui. Eh bien oui. C’est ça.

    Annabel: Il y a des moyens de franchir le mur. Voilà.

    Ombeline : Mais tant que tu n’as pas décidé et tant que cette décision n’est pas…

    Annabel: Exactement.

    Ombeline :… devenue non négociable, rien n’est possible.

    Annabel: Et en fait, des fois, ça ne sert à rien de réfléchir dix mille fois. Enfin, en tout cas, pour moi, la route la plus courte c’est de dire j’y vais.

    Ombeline : Oui.

    Annabel: Voilà. Et des fois, de vendre des projets avant même qu’ils existent. Au moins tu ne peux pas reculer.

    Ombeline : Exactement. Tu ne peux pas reculer, écoute.

    Annabel: La comédie musicale au ministère…

    Ombeline : C’est ça.

    Annabel: Ecoutez, vous la prenez.

    Ombeline : C’est pareil, j’avais l’éditeur du livre avant d’avoir écrit le livre.

    Annabel: Tu vois ? C’est ça.

    Ombeline : Mais finalement, eh bien oui. Et puis ça donne encore plus de sens à réaliser le projet.

    Annabel: C’est ça. Donc voilà.

    Ombeline : Magnifique. Merci beaucoup Annabel. 

    Annabel: Merci à toi.

    Ombeline : Evidemment, dans la description du podcast, on va mettre tous les liens que tu me communiqueras, tous les liens qui sont importants, le site de l’association. Est-ce qu’on peut donner directement sur… Est-ce qu’il y a un lien pour les donateurs ?

    Annabel: Bien sûr. Quand vous allez sur le site de l’asso, il y a un truc qui s’appelle « Faire un don », ça passe par « HelloAsso », c’est hyper pratique. En deux clics, vous avez donné et sans aucun problème.

    Ombeline : Et c’est le site de l’association, tu le dis, comme ça…

    Annabel: www.hope-association.com.

    Ombeline : Super. Et puis, on espère te retrouver dans le podcast…

    Annabel: Yes.

    Ombeline :… pour un autre format d’épisode. Quelle serait la personne que… Alors, on a évoqué plein de noms possibles.

    Annabel: Mais maintenant je sais peut-être, suite à la discussion. 

    Ombeline : Ouais. Qui aimerais-tu entendre dans le podcast ?

    Annabel: Alors, puisque tu parles d’un homme avec beaucoup de spiritualité, du coup, je pense que Fred Lopez, il a ce chemin à travers son statut de journaliste.

    Ombeline : Ouais.

    Annabel: D’homme qui aime les rencontres, d’homme qui s’est pris des claques parce qu’il a trouvé pas toujours évident de devenir une personnalité médiatique, plus d’avoir monté une entreprise qui était… Voilà. Donc, je pense que Fred c’est quelqu’un qui pourrait, pour le coup, il a une vraie spiritualité. Je l’ai connu quand il avait vingt-cinq ans, donc on avait des discussions interminables où on refaisait le monde. Des fois je lui disais « Mais où tu vas chercher tes questions ? », il m’interrogeait sur ma manière, pourquoi je voulais faire de la télé et cetera. Donc, il rentrerait très bien dans les cadres, et pour l’émission.

    Ombeline : Ouais. Avec grand plaisir.

    Annabel: Et il a un côté très féminin.

    Ombeline : Oui. Et puis il est aussi bien entrepreneur qu’intrapreneur.

    Annabel: Complètement. 

    Ombeline : Ça j’aime beaucoup aussi.

    Annabel: Ouais.

    Ombeline : Donc avec grand plaisir de l’accueillir dans le podcast pour une prochaine saison. 

    Annabel: Voilà. Quand tu ne seras plus 100 % féminine.

    Ombeline : C’est ça. Merci beaucoup, Annabel !

    Annabel: Merci à toi !

    Ombeline : Avec grande joie de continuer à suivre tes magnifiques projets et toutes les femmes que tu accompagnes.

    Annabel: Allez, je t’embrasse et merci beaucoup !

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