podcast vérité
#28 « Défis et pérennité des associations : réinventer le financement associatif »
Claire Ribouillard – Assopreneur
Podcasthon 2024
L’entrepreneuriat associatif, c’est bien plus que des chiffres et des rapports annuels. C’est une histoire de cœur, d’engagement, et de détermination.
Au cœur de cette aventure, des femmes et des hommes choisissent chaque jour de faire la différence. Parmi eux, Claire Ribouillard, une pionnière qui a osé défier les normes.
Dans cet épisode spécial du Podcasthon, plongez au cœur de l’aventure humaine et inspirante de l’entrepreneuriat associatif, grâce à Claire Ribouillard, co-fondatrice d’Assopreneur.e.
Avec sincérité, Claire partage les défis de taille du secteur : rémunération équitable, gestion durable, et l’équilibre entre prospérité et bien commun. Écoutez des récits qui touchent l’âme, entre doutes, burn-out associatif, et victoires législatives, pour une leçon de persévérance et d’authenticité.
Cet épisode est une exploration profonde des nécessités de repenser les modèles financiers pour assurer la durabilité des associations et maximiser leur impact social. Entre dilemmes personnels et professionnels, découvrez comment naviguer dans un environnement économique complexe tout en restant fidèle à une mission altruiste.
Joignez-vous à nous pour un voyage inspirant à la rencontre de l’entrepreneuriat associatif, un appel à l’action pour tous ceux qui aspirent à créer un avenir plus juste et humain. Une discussion essentielle sur les enjeux, les succès, et les apprentissages pour un impact social durable. Un épisode à ne pas manquer pour quiconque s’intéresse à l’équité, la solidarité, et la création de valeur sociale sans sacrifier son intégrité.
Timeline :
00:14:14 : Les coulisses de l’assopreneuriat
00:20:24 : Prévention du burn-out associatif et besoins des assopreneurs
00:24:51 : Vie associative et impact social
00:27:20 : Engagement et implication totale
00:29:30 : Transition vers le salariat associatif
00:33:57 : Philanthropie et financement associatif
01:06:02 : Association et entrepreneuriat, tout est possible
Pour contacter Claire Ribouillard :
Le site
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Transcription de l’épisode
OMBELINE
Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast vérité. Alors vous le savez peut-être, nous sommes en pleine semaine du podcaston. C’est-à-dire que pendant 7 jours, plus de 300 animateurs et animatrices de podcasts se mobilisent pour mettre en valeur le monde associatif et ses valeurs. C’est une très belle mobilisation et il était naturel que le podcast Vérité y participe. Je vous en reparle à la fin de l’épisode, mais dans ce contexte, j’ai le plaisir d’inviter aujourd’hui Claire Ribouillard, qui est la cofondatrice d’Assopreneur depuis 2020. Assopreneur accompagne les personnes qui veulent changer le monde avec une association. Bonjour Claire et bienvenue dans le podcast Vérité.
CLAIRE RIBOUILLARD
Bonjour Ombeline, merci beaucoup pour votre invitation. Je suis très heureuse d’être là et très touchée par votre intérêt. Merci beaucoup.
OMBELINE
Avec grand plaisir. Alors, pour que nos auditeurs connaissent un petit peu le contexte de notre conversation, j’ai voulu évidemment que le podcast participe au podcaston. Et donc, quand on s’inscrit au podcaston, on nous donne une liste d’associations qui ont déjà levé la main pour participer. Et donc, j’ai parcouru cette liste d’associations toutes passionnantes les unes et les autres. Et c’est évidemment, quand j’ai vu Assopreneur, déjà, rien que le mot, ça a été… Mais évidemment ! Donc évidemment que j’avais envie de vous interviewer. Je trouve que le sujet de l’assoprenariat, déjà bravo pour avoir trouvé ce terme parce que c’est vraiment parlant et c’est je pense très utile pour l’avenir de l’entreprenariat. Et je vous ai choisi aussi parce que vous avez 80% de femmes dans les associations accompagnées. On va donner des chiffres clés aussi sur l’association. Aujourd’hui, c’est 500 associations ou assopreneurs accompagnés. C’est juste colossal. Vous avez 85 experts qui interviennent chaque semaine dans vos programmes. Qu’est-ce que je voulais dire d’autre ?
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui, 50 emplois.
OMBELINE
50 emplois de délégués généraux créés par vos bénéficiaires et 18 000 personnes sensibilisées à l’assaut prenariat. J’espère que ce chiffre va exploser avec le podcast Vérité et avec le podcast Ton, parce qu’on en a parlé souvent dans le podcast Vérité, et après je me tais pour vous laisser la parole, Claire, on en a parlé beaucoup dans le podcast Vérité. On est en recherche de nouveaux modèles économiques. Et moi, ça me tient vraiment à cœur, puisque le slogan du podcast, c’est « Réussir avec amour, foi et intégrité ». On est vraiment en recherche de nouvelles façons d’entreprendre, de nouvelles façons de contribuer. et surtout d’arrêter de séparer le bien commun et la création de valeur et de prospérité. Donc c’est vraiment pour ça aussi que je vous ai choisis, c’est un sujet qui m’intéresse, que je voulais aborder dans le podcast et savoir comment on fait pour avoir une activité à mission, que ce soit une entreprise à mission ou une association, je mets un petit peu ça dans le même panier, même si ce n’est pas les mêmes fonctionnements en interne, ni la même législation, mais comment on fait pour servir, pour œuvrer, et pour créer quelque chose de lucratif et pouvoir se rémunérer, puisque vous avez une majorité de femmes dans vos accompagnés, donc vous le savez aussi, 80% des femmes dirigeantes ne se rémunèrent pas suffisamment de leur activité. Donc moi, la première question évidemment vers laquelle on va répondre dans ce podcast ensemble, c’est comment on fait pour gagner de l’argent suffisamment en fait avec le statut associatif ? Parce que c’est aussi ça la pérennité d’une association. Donc maintenant je me tais, je vous laisse la parole Claire. Dites-nous, avant tout, où est-ce que vous vous situez pour qu’on puisse vous imaginer dans votre environnement ?
CLAIRE RIBOUILLARD
Eh bien avec grand plaisir, je suis lyonnaise, donc là je suis à Lyon, Lyon 9e exactement. Moi j’habite dans les monts du Lyonnais, mais là pour aujourd’hui, pour l’interview, je suis dans Lyon, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
OMBELINE
Ok, super. Donc là vous êtes chez vous, vous êtes dans un bureau ? Dites-nous.
CLAIRE RIBOUILLARD
Je suis chez mon compagnon. Ok, super.
OMBELINE
Donc dans un appartement.
CLAIRE RIBOUILLARD
Voilà, c’est ça. Dans un appartement, dans son appartement. Quand je viens, je pose mes valises pour une semaine ou deux avec mon chat qui est sur le canapé, qui surveille. Et puis sinon moi j’habite dans une maison dans les Mans du Lyonnais avec un prêt avec des moutons en face de moi. Après la ville, après Lyon, c’est vrai que j’avais… Voilà, j’ai déménagé là-bas il y a trois ans, il y a un peu plus de trois ans. Et j’apprécie de revenir dans Lyon quand je viens chez mon compagnon. Donc là je suis très bien, je suis en home office en fait, voilà. En fait je suis en home office, on n’a pas de bureau physique avec Assopreneur parce qu’on n’a pas pour l’instant les moyens d’avoir cette charge-là. Donc avec ma cofondatrice, nous sommes toutes les deux à la maison mais avec le bon équipement en tout cas.
OMBELINE
Et votre associée, elle est sur Lyon aussi ?
CLAIRE RIBOUILLARD
Eh bien mon associée, enfin ma cofondatrice, je vais dire, parce que c’est vrai que vous allez voir dans tout l’épisode, on utilise des termes très très différents. Et donc, si vous me permettez, je vais à chaque fois…
OMBELINE
Bien sûr, bien sûr.
CLAIRE RIBOUILLARD
Nous, on dit qu’on n’a pas d’associée, mais on a des cofondateurs et cofondatrices, parce qu’en fait, il n’y a pas de propriété du capital. Des contrats lucratifs où on a une propriété de capital quand on est associé. Voilà, donc on est cofondatrice et elle habite dans le nord Isère, donc c’est aussi dans la région Val-de-Rhône-Alpes, c’est à 45 minutes de Lyon, mais complètement sur la route des montagnes en fait, sur la route des stations. Donc voilà, à côté d’entre Mont-Jailleux et Lyon.
OMBELINE
Ok, donc on la salue, j’espère qu’elle appréciera cet épisode. On aurait pu le faire ensemble d’ailleurs, toutes les trois.
CLAIRE RIBOUILLARD
J’aurais bien aimé, mais en fait on a plein de réunions en ce moment aussi. Elle est missionnée sur une autre réunion à Lyon avec des partenaires institutionnels du monde associatif en ce moment même. Elle aurait adoré être là.
OMBELINE
Alors pour présenter un petit peu votre parcours, afin que les auditeurs vous connaissent et remettent un contexte aussi avant qu’on aborde les thématiques qu’on voulait aborder dans ce podcast. Donc je voulais dire que vous avez un parcours d’études, vous avez un bac plus 5 en administration économique et sociale et en marketing territorial. Vous me disiez que vous avez toujours su que vous vouliez entreprendre, ça a toujours été quelque chose d’évident pour vous. Vous avez commencé votre carrière, vous avez fait un premier début de carrière sur le métier de délégué général, donc tout de suite déjà dans l’associatif. Vous pilotiez des associations depuis 2006. Vous me disiez plus particulièrement, c’était surtout des associations d’entreprises, des clusters d’entreprises, des pôles d’excellence. Et l’idée, c’était vraiment de développer l’économie locale, de créer de l’emploi, d’attirer de nouvelles entreprises sur le territoire. Donc, je me demandais si c’était un peu comme la CCI. Vous me disiez que, par exemple, oui, effectivement, la CCI était membre de ce pôle. Donc l’assoprenariat c’est un terme que vous avez créé Vous êtes devenue assopreneur, vous avez créé l’association en 2020, mais vous aviez quitté votre CDI en 2016 pour vous lancer dans l’assoprenariat. Vous imaginez une recette pour pérenniser une association parce que, effectivement, durant votre carrière de délégué général, vous avez vu tellement d’associations mettre la clé sous la porte que ça vous tenait à cœur, en fait, de les aider. Donc vous me disiez que c’était surtout une question de subventions, que finalement il n’y avait pas assez de subventions, ou que les subventions s’arrêtaient, ou qu’on ne savait pas comment aller réclamer des subventions, c’est un peu ça ?
CLAIRE RIBOUILLARD
En fait c’est que le monde de financement des associations, qu’on peut appeler le monde de la philanthropie aussi, et des subventions a énormément changé en 20 ans. ces 20 dernières années, et les subventions, il n’y en a presque plus. En fait, c’est en train de disparaître, comme peau de chagrin en tout cas. Et dans cette transition où on avait, il y a 20 ans, beaucoup de subventions, beaucoup plus en tout cas qu’aujourd’hui, quand ça a commencé à décliner, ces fameuses subventions, il y a des associations qui n’ont malheureusement pas eu le temps de retravailler leur modèle économique. Ni même de percevoir ce changement. Et il y a des conventions de subvention qui étaient triennales à l’époque, ça n’existe plus aujourd’hui, qui s’arrêtaient même en cours d’année. En gros, pof, vous avez eu un premier à compte, on vous dit d’un jour que les deux derniers à compte de l’année, vous ne les aurez pas. Et ça, ça a fait mourir plein d’associations. Et puis, les associations ne savaient pas comment aller chercher de l’argent ailleurs. Et c’est ça que j’ai vu dans ma carrière de DG. de délégué général salarié, j’avais plein d’associations, amis, partenaires autour de moi avec qui on bossait, et puis je les voyais mourir les unes après les autres, ou même à titre personnel, et ça me retournait le ventre, ça me faisait vraiment mal au cœur, et j’avais l’impression que je pouvais peut-être un peu aider, ou j’avais l’impression que peut-être je pourrais faire quelque chose, je me sentais appelée, et ça a été trop fort, au bout de dix ans de salariat où je voyais trop d’assauts mourir, et où moi-même je vivais quelque chose de très difficile pour pérenniser celle que je dirigeais en tant que salariée, Je me suis dit, moi-même j’ai déjà du mal alors que c’est mon métier, mais comment font les gens qui ont un métier différent, coiffeuse, coiffeur, je ne sais pas moi, plombier, médecin ou avocate, comment ils font ces gens-là pour relancer leur association, prendre soin des autres autour d’eux et réussir à la pérenniser quand nous-mêmes qui sommes du métier, on a beaucoup de mal ? Et ça, ça a été le déclic de dire, ok, moi je vais essayer de faire en sorte qu’il n’y ait plus aucune association qui meurt, en tout cas, vraiment, je vais essayer. C’était ça le déclic.
OMBELINE
Et donc pour ça, vous créez une méthode, la méthode des quatre piliers qu’on peut retrouver sur le site de l’Assopreneur. Vous lancez un podcast, le podcast Assopreneur. En 2020, votre ami Chloé vous rejoint donc asocialement et vous créez l’association à ce moment-là.
CLAIRE RIBOUILLARD
Alors c’est un petit peu avant, si je peux peut-être préciser. En 2016, j’ai quitté mon CDI de délégué général salarié et je me suis lancée un peu seule pour essayer d’aider. Et là, deux ans plus tard, en 2018, une de mes meilleures amies s’est retrouvée elle aussi au chômage après avoir essuyé des plâtres avec plein de managers toxiques. Et donc, elle était en burn-outage, complètement cassée par le management patriarcal toxique. C’était une catastrophe. Et en fait, elle avait du temps. Et moi, j’étais débordée de travail, à essayer de faire des choses toute seule. Et je commençais à décliner sincèrement, très personnellement, parce que c’était très, très dur de travailler toute seule. Et je crois que ce n’était pas fait pour moi. Surtout après avoir quitté un job salarié où je dirigeais des assos avec peut-être 200, 300 membres et 500 personnes bénévoles à chaque fois. Donc, je suis passée d’un univers avec plein d’êtres humains et êtres humaines. À me retrouver moi toute seule chez moi, home office, à essayer de développer quelque chose, et c’était super dur. Donc je déclinais, en fait, petit à petit. Et en plus, je n’étais pas à l’aise dans le statut juridique parce que j’étais en société coopérative à l’époque. Alors c’était déjà dans l’ESL, j’avais déjà choisi un statut, mais je savais que ce n’était pas une société que je voulais créer. Moi, je savais que c’était une association que je voulais créer. Donc je déclinais, et cette amie qui était là m’a dit « Ok, ben moi j’ai du temps, je vais t’aider parce que je vois que tu le crois. » Et là, j’ai commencé à lui proposer des missions, et je lui donnais ce que je trouvais le plus intéressant, faire des PowerPoints, préparer des textes, ce que je trouvais intéressant. Pour elle, ce n’était pas du tout ce qui lui plaisait. À un moment, elle me disait que les PowerPoints, ce n’était pas son truc. Ce que j’aime, c’est faire de la compta, te faire tes prévisionnels, tes budgets, tes devis, tes factures. Et là, je lui disais que j’aimais faire ça dans le monde de l’entrepreneuriat. On a commencé à se rendre compte qu’on était très complémentaires. Et que ce que l’une n’aimait pas faire, l’autre adorait le faire. Et donc, elle a mis le doigt un petit peu dans l’engrenage, un peu comme ça, un engrenage bénéfique, j’espère. Et finalement, au bout de deux ans, on s’est dit, elle m’a dit, mais stop. Donc, au bout de deux ans, elle était complètement dans l’affaire. Elle n’avait plus du tout envie de retrouver un job salarié classique. Et en fait, elle m’a dit, ça fait des années que tu me parles de créer cette association ou avec un programme solidaire pour accompagner les assopreneurs, on y va. Grâce à elle, elle a tapé du poing sur la tête pour dire, je te vois décliner tous les jours, ça suffit, on y va, on arrête tout. Vraiment, elle m’a sauvée en fait. Et hop, on a tout arrêté, on a quitté la société coopérative, on a lancé l’association Assopreneurs, et boum, c’était parti.
OMBELINE
Magnifique. Alors, dites-nous un peu comment fonctionne cette association aujourd’hui sur un aspect entrepreneurial. Donc, on a compris la mission de l’association. Vous fonctionnez avec des fonds, vous allez peut-être nous en dire un peu plus après. Vous avez 85 bénévoles, vous avez accompagné plus de 500 personnes ou presque 500 personnes. À pérenniser en fait, aussi bien à créer de l’emploi qu’à pérenniser leur modèle. Donc dites-nous, c’est quoi les coulisses d’assaut preneur ?
CLAIRE RIBOUILLARD
Les coulisses d’assaut preneur, c’est déjà, on est toutes les deux portées par cette, vraiment cette passion pour l’assopreneuriat, parce qu’en fait pour nous, les associations, ce statut juridique de l’association, c’est le plus beau véhicule pour prendre soin des autres, autour de soi, prendre soin des personnes autour de nous ou dans des pays étrangers qu’on aurait traversé, où on aurait vu des choses qui n’allaient pas. Vraiment, l’associatif, c’est ça qui change tout, parce qu’il y a un élément très important qui est la non-lucrativité, le non-enrichissement personnel. Ça, c’est obligatoire dans le monde associatif, on ne peut pas s’enrichir personnellement, et donc on est quasiment forcément dans l’intérêt général. Et c’était pour cela que On est vraiment porté par ça dans l’équipe en fait. Donc les coulisses déjà c’est ça, c’est être vraiment intimement persuadé que les associations contribuent à changer le monde, qu’elles prennent soin des autres, que ce soit les animaux, les végétaux, les minéraux, la planète ou les êtres humains bien sûr. Mais on est aussi intimement persuadé que c’est très difficile de pérenniser ces assos, que c’est très dur d’avoir un modèle économique qui finance un objet social, environnemental, culturel, humanitaire, quel que soit l’objet, c’est très difficile. Et donc on est persuadés aussi, ce qui nous anime dans les coulisses, c’est qu’il y a énormément de choses à faire pour aider. Il y a énormément de détresse dans le monde associatif chez les assopreneurs, c’est-à-dire les personnes qui choisissent de créer une association et donc d’entreprendre une association. Et nous on a envie d’aider parce qu’on trouve que ce n’est pas normal que chez les assopreneurs il y ait autant de burn-outage. On n’en parle pas du tout dans le monde associatif. Le burn-outage associatif, c’est que quand vous menez votre association de front avec votre boulot, parfois même déjà une entreprise ailleurs, quand beaucoup de personnes sont assopreneuses et entrepreneuses, et quand vous avez votre vie de famille en plus, ça peut mener vraiment au surmenage, c’est énorme. Et si jamais vous quittez un peu votre job, allez à 4-5ème, 3-5ème, pour se consacrer à l’assaut, Vous ne savez pas comment on vit de votre façon, vous ne savez pas quels sont les flux financiers que vous avez le droit de faire dans le respect de l’intérêt général. Je tiens vraiment à préciser que tout ce qu’on fait c’est dans la non-lucrativité, dans le respect de l’intérêt général. Et bien les personnes se retrouvent en fait peu à peu en détresse financière, parce qu’elles perdent des jours de travail, donc du salaire, mais en face il n’y a rien d’autre qui vient, parce qu’on ne sait pas comment faire. On a beaucoup d’assopreneurs qui parfois même quittent leur job, donc ont parfois les deux ans de chômage, mais ne savant pas comment faire, se retrouvent après au RSA. Il y a une détresse financière ou une détresse de burn-outage qui est terrible. Et c’est ça aussi qui peut mener à ce que, en plus de tout ce qu’il y a de difficultés à pérenniser une asso, qui peut mener à ce que le monde associatif fasse du bien, mais que parfois ça fait du mal. Et nous, on trouve que ce n’est pas normal, en fait, ça. Donc on est vraiment portés par ça. Et une dernière chose peut-être, c’est qu’on est intimement persuadés qu’il y a un million d’emplois à créer dans l’assaut preneur, tellement on est en retard en France. Parce que si je vous demande, par exemple, Améline, à votre avis, combien il y a d’associations actives en France ? Est-ce que vous sauriez ?
OMBELINE
Aucune idée.
CLAIRE RIBOUILLARD
Eh bien, c’est 1,5 million d’associations actives en France. C’est énorme. Et à votre avis, quel pourcentage d’entre elles ont au moins un salarié ? Quel pourcentage de ces 1,5 million ont au moins un salarié ?
OMBELINE
Un peu, je pense.
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui, très peu, c’est 10%. C’est très très peu, c’est trop peu en fait. Donc c’est pour ça qu’il y a un gap énorme. Et vous le disiez dans votre introduction, c’est que l’association et l’assoprenoriat, c’est une réponse au chômage, c’est certain. C’est une réponse aux besoins de sens des personnes, des populations, des citoyens. Et puis c’est une des voies de la transition professionnelle, et on a beaucoup de femmes, donc on a 80% de femmes dans nos bénéficiaires, et on en a énormément, un grand nombre d’entre elles, je pense que c’est peut-être 60%, qui sont en transition professionnelle après un burn-outage, malheureusement. Pas que, mais souvent, ça revient beaucoup. Dans nos colis, on est porté par ça. Et nous sommes deux personnes avec Chloé, donc Chloé et Claire, à piloter l’assaut preneur, et on est toutes les deux chez nous. On a commencé toutes seules avec nos petites mains et notre argent à nous. Vous me demandiez tout à l’heure comment on arrive à financer l’association qui aide à pérenniser les autres assauts, comment on arrive à la pérenniser nous-mêmes. En fait, on a commencé par mettre tout notre argent personnel dedans, clairement. On a mis peut-être 5 à 10 000 euros chacune. Parce qu’au départ, il faut amorcer la pompe. Et cet argent, contrairement au monde de l’entrepreneuriat classique, cet argent n’est pas capitalisé pour nous. Il a été donné à l’assaut, et l’assaut ne nous appartient pas. C’est ça qui est beau dans l’entrepreneuriat en association, c’est que vous le faites forcément pour les autres. En tout cas, pas pour vous. Vous le faites vraiment, parce que tout ce que vous faites en entrepreneuriat, ça ne vous appartient pas. L’association est un être vivant, mais qui est déjà indépendante. Elle n’appartient qu’à ses membres. Et des membres, il y en a toujours beaucoup en fait, toujours plusieurs, il y en a de plus en plus au fur et à mesure des années. Donc même si vous êtes fondatrice et que vous avez mis 10 000 euros dans votre association, vous n’allez pas les récupérer le jour où vous partez et vous n’allez pas les récupérer le jour où l’asso arrive à avoir un petit peu de budget pour se financer. C’est quelque chose que vous donnez en fait. Le fait de ne pas avoir de lucrativité dans l’entrepreneuriat, en association, Je trouve que ça change tout sur la vision, sur le long terme, sur ce qu’on donne au monde. Ça change vraiment toutes les relations. On n’est plus dans une relation client-fournisseur en association, on est dans des relations partenariales, dans du bénévolat, mais on est dans des relations de gagnant-gagnant et beaucoup dans le don en fait. Parce que les associations se financent, je dirais à plus de 60% par la philanthropie, et même plus que ça, c’est à 70% par la philanthropie. Minimum, les associations sont faites minimum par 70% de philanthropie, c’est-à-dire du don, en fait. Et je trouve que c’est magnifique. En association, en fait, tout est possible. Dans l’association prenante, tout est possible. On peut tout faire en association, c’est incroyable la force du non-lucratif.
OMBELINE
Tout à l’heure, vous parliez de burn-out associatif. Est-ce que les chiffres sont plus élevés dans le monde associatif en termes de burn-out ?
CLAIRE RIBOUILLARD
On n’a pas de chiffre. En fait, je ne sais pas comment vous-même, vous voyez le monde associatif par rapport à ce que vous en connaissez à titre personnel ou peut-être professionnel, mais souvent il y a un gros flou autour du monde associatif. On ne sait souvent pas ce qu’on a le droit de faire ou pas faire au niveau de la loi 1901. Qu’est-ce que c’est que cette loi 1901 ? Est-ce que c’est une loi ? On ne sait pas. Et on n’a pas de chiffres en plus, très très peu de chiffres et de données. Alors de plus en plus, il y a des observatoires Il y a Recherche à Solidarité qui est un peu l’assaut de recherche de notre secteur, qui publie des enquêtes chaque année. Elle vient d’en sortir une avec des chiffres de 2023. Mais on n’a pas encore toutes les statistiques qu’on aimerait avoir. Et là-dessus, moi, je n’ai encore jamais trouvé de statistiques sur le burn-outage associatif, malheureusement, pour l’instant.
OMBELINE
Et dans les 500 personnes que vous avez accompagnées, vous les avez accompagnées avant la création de l’association ou c’était des associations déjà existantes ?
CLAIRE RIBOUILLARD
Eh bien les deux, parce que ça fait partie de notre positionnement et de la différenciation, c’est qu’on accompagne toutes les personnes qui ont envie d’entreprendre et d’agir en association, que l’on soit déjà lancé ou pas. et c’est vrai que dans nos bénéficiaires, on a des personnes qui sont lancées depuis dix ans, on a des personnes qui sont encore dans leur poste avec une idée de transition professionnelle, on a des personnes qui viennent juste de déposer des statuts, d’autres qui ne les ont pas encore déposés, donc on a vraiment tout type. On a de plus en plus de personnes qui veulent créer une association, parce que comme vous l’avez dit, on a sensibilisé 18 000 personnes, donc en fait, plus on sensibilise, plus il y a des personnes qui se lancent. Mais il y a vraiment une méconnaissance totale de la possibilité d’entreprendre une association. Donc je pense que cette part de personnes qui n’ont pas encore lancé va augmenter chez nos bénéficiaires, parce que le discours que l’on a, justement, permet peut-être de trouver sa voie, sa vocation, en tout cas, permet d’oser se lancer. Parce que souvent, les personnes nous disent, mais je ne savais pas que je pouvais créer mon emploi dans mon association, je ne savais pas comment j’allais pouvoir en vivre, j’ai besoin d’un salaire, comment je fais ? Et donc, le fait de nous en parler, expliquer, et former, et accompagner, ça permet aux personnes de se lancer et de rêver plus grand parfois encore, et d’avoir encore plus d’intérêt.
OMBELINE
Mais en fait, par rapport au burn-out, c’était pour savoir si effectivement il y avait, je ne sais pas, la moitié des 500 personnes que vous avez accompagnées qui étaient déjà en poste et qui peut-être venaient à vous parce qu’elles étaient au bord du burn-out.
CLAIRE RIBOUILLARD
Moi j’ai un petit chiffre peut-être juste par rapport à ça, je ne le sais pas exactement parce qu’on n’a pas encore ce chiffre-là. On est en train de mener la première mesure d’impact d’Assault Preneur au bout de trois ans. Pour notre quatrième année, donc c’est une démarche qui va nous prendre un an, c’est très très lourd la mesure d’impact pour les associations, ça coûte très cher, on a la chance de le faire avec des bénévoles, encore une fois, donc on a beaucoup beaucoup de chance. Et donc là, j’aurai peut-être ces chiffres l’année prochaine, si on se reparaît, si on fait un petit update. Mais en revanche, le chiffre que j’ai, c’est qu’Il y a énormément de personnes qui ont vécu un burn-out dans les assospreneurs qu’on accompagne. Je n’ai pas le chiffre, mais il y en a énormément, et qui transitionnent parce que c’est hors de question de retourner dans ce monde de l’économie classique où ils ont été malmenés, en fait, et qui décident de travailler sur leur cause profonde. Et on a réussi à éviter 40 burn-outages à des personnes qui arrivent chez nous en disant « aidez-moi parce que là, je n’en peux plus ». burn-outage associatif, je parle, donc déjà lancé, il y a eu 40 personnes où on a réussi à éviter ce burn-outage. Et par contre, il y a trois personnes pour qui c’était trop tard ou j’ai pas réussi, ou en tout cas on n’a pas réussi à les aider, enfin je pense que c’est un petit peu trop tard, et où ces personnes ont fini en maladie juste derrière, malheureusement.
OMBELINE
Oui, ils ont toqué à la porte un peu tard.
CLAIRE RIBOUILLARD
Je crois, malheureusement.
OMBELINE
Mais peut-être qu’il y a aussi quelque chose à proposer pour les personnes qui sont passées par le burn-out et qui n’ont pas envie de lâcher l’association, peut-être un retour à leur job. Donc vous me disiez 70% de philanthropies dans les associations en France, il y a seulement 10% d’entre elles qui ont au moins un salarié. On a abordé quand même dans le podcast ce sujet de l’associatif avec Annabelle Brouran de l’association Hope, je ne sais pas si vous la connaissez, en tout cas je vous invite à écouter cet épisode. Et effectivement elle disait, la source d’épuisement pour elle c’est la récolte de fonds.
CLAIRE RIBOUILLARD
Ah bah, je partage à 100 000% !
OMBELINE
Voilà, voilà. Et donc, c’est vrai que quand on est dans un état d’esprit où on est dans le don, on est dans le don un peu sur tous les plans finalement. On est dans le don de soi, on est dans le don de son énergie, on donne tout. Annabelle, c’est ce qu’elle exprime, elle donne tout à son association. Et elle en reçoit, je lui pose la question à un moment, je lui dis qu’est-ce que tu reçois de Hope, et là elle a une énorme émotion qui arrive parce qu’elle dit mais en fait je reçois tellement d’amour, et elle dit si les gens savaient à quel point on reçoit tellement quand on donne, Mais moi ce que je vois aussi c’est à quel point ça l’épuise d’aller tout le temps devoir réclamer alors qu’elle est dans le don d’elle-même et qu’elle-même ne se rémunère pas. Elle n’est pas salariée de l’association. Il y a des salariés dans l’association mais elle… Pour moi, le paradigme et l’équilibre difficile à trouver et que j’aimerais qu’on aborde ensemble, c’est ça, c’est comment être dans le don de soi et en même temps recevoir. C’est quand même une grande difficulté des femmes d’apprendre à recevoir, donc ça ne m’étonne pas du tout qu’elles soient toutes hyper attirées par le statut associatif, parce que ça vient évidemment honorer des valeurs. Mais d’un autre côté, même si on dit je ne fais pas ça pour mes propres intérêts, mais il y a quand même un besoin de rentabiliser, il y a quand même un besoin de créer de la valeur, pas pour soi, mais pour l’association, pour les membres, pour peut-être le secteur dans lequel on agit. Donc voilà, j’aimerais bien, qu’est-ce que vous pensez de ça ? Quelle est votre vision de ça, de ce don de soi, et en même temps de quand même aller chercher de l’argent, chercher des financements, Dites-moi comment vous le vivez.
CLAIRE RIBOUILLARD
Il y a plein de choses qui viennent à ce que vous dites, et je partage vraiment le vécu de votre invitée assopreneuse de Hope, complètement. C’est vraiment ce que je vis aussi, on donne tout à notre asso. Et quand j’étais déléguée générale salariée, je n’étais pas la cofondatrice, mais je donnais déjà tout en fait, c’est ça qui est dingue. Parce que même en n’étant pas la cofondatrice, mais seulement la DG salariée à l’époque, Je recevais beaucoup aussi des bénévoles, des partenaires, et c’était un peu mon bébé aussi ces assos déjà. Et là, maintenant que je suis devenue assopreuse avec Chloé, c’est à un niveau encore plus important. Je n’aurais jamais pensé que je pouvais travailler encore davantage et être encore plus impliquée que ce que j’étais déjà avant. Donc c’est incroyable. En fait, quand on travaille sur sa cause profonde, je ne sais pas quelle est la cause de Hope, mais je pense que cette assopreneuse dont vous me parlez était sur sa cause profonde, certainement. C’est pour ça qu’il y a autant d’émotions et qu’on donne autant, parce qu’on est sur nos tripes, en fait. On est sur ce qui nous révolte dans le monde et on décide de faire un pas de côté pour dire non, je ne vais plus jamais ou moins ou essayer de sauver. Donc tous les assopreneurs, toutes les assopreneuses, sont des personnes qui ont vu un manquement, une souffrance, une injustice, et qui ressentent un « ce n’est pas normal que », et décident d’agir. Donc déjà, ça, c’est incroyable, toutes ces personnes qui décident de faire quelque chose pour les autres. Et nous, en fait, on connaît… En.
OMBELINE
Fait, ça, je le retrouve dans toutes les femmes entrepreneurs que je vois.
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui, complètement. Complètement. Et effectivement, nous on le vit complètement, on donne tout à notre asso. L’argent personnel qu’on a mis dedans au départ, on ne le retrouvera jamais. C’est certain, le salaire qu’on arrive à se payer, c’est 1500 euros par mois. Donc on ne vit pas super aisément avec 1500 euros par mois. C’est difficile, on donne tout son temps, son énergie. En fait, quand vous êtes assopreneuse, il n’y a plus de limites entre la vie perso et la vie professionnelle. Quand on est entrepreneur, c’est pareil. Mais quand on est salarié, généralement, on parle toujours de la limite entre vie perso et vie pro. Quand on est entrepreneur, on ne l’a pas. Parce qu’en plus, on sait que ce que l’on fait, fait du bien autour et a un impact positif. Donc, c’est très dur de se poser des limites pour ne pas exploser en plein vol, justement. C’est aussi une des raisons du burnoutage dans le monde associatif. Donc alors l’argent, l’argent en fait c’est, nous notre discours en tout cas, et c’est celui que j’ai, c’est que je parle de ma propre expérience, moi je savais que je voulais aider toutes les personnes qui créent une association parce que je suis persuadée que ça fait tellement de bien autour de soi et qu’on en a besoin. Mais je savais aussi que pour pouvoir créer mon asso avec l’ambition que j’avais pour elle, je devais quitter mon job parce que je n’allais pas pouvoir faire les deux en même temps, sinon moi j’allais exploser par rapport à ma façon de travailler, peut-être trop d’implications, je ne sais pas, mais ce n’était pas possible, donc je devais quitter mon job. Mais alors comment je fais si je n’ai jamais de salaire qui rentre ? C’est là où je me suis dit, OK, quelle est la technique pour pouvoir respecter l’intérêt général, qui est très codifié par le Code des impôts, on respecte à 100 000 %, on ne prend aucun risque, et les assos preneurs respectent tous à 100 000 %, eh bien la seule solution pour pouvoir vivre de son asso en respectant la non-lucrativité et l’intérêt général, c’est de quitter la dirigeance bénévole, C’est la dernière lâchée-prise ultime de l’assaut de preneuriat. On quitte tout, tout, tout. Et on passe salarié de l’assaut, et il y a une gouvernance qui se met en place, à la place, et qui dirige bénévolement. Et nous, on est là pour accompagner, aider, bien sûr, donner la vision et tout ça, mais on n’est plus dans la dirigence bénévole. C’est-à-dire que l’association qui déjà ne nous appartenait pas du tout, elle n’appartient plus du tout. On n’est même plus responsable d’elle au niveau pénal, ni fiscal. On devient salarié. On n’a aucun enrichissement, aucune propriété de capital, et en plus on n’a même plus de dirigeance bénévole. Il n’y a plus rien. Donc en fait, les personnes qui sont assopreneuses, qui deviennent salariées de leur asso, on a passé le stade ultime de lâcher prise de la propriété. Il n’y a plus de propriété.
OMBELINE
Alors, si je peux me permettre, pour moi il reste quand même quelque chose, qui est la notion du principe source, qui a été créé par Peter Koenig et dont on a parlé, auquel je suis formée d’ailleurs avec Christian Juno, dont on a parlé dans le podcast Vérité. Donc il reste ça, il reste la personne source de l’association.
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui, c’est vrai. C’est vrai que ce que je dis aux membres à qui j’explique la seule façon que l’on a de pouvoir se salarier comme ça, ils me disent, mais ça veut dire que les nouveaux dirigeants peuvent me dégager, en fait, tout simplement. Si je leur plais pas, si ma façon de faire ne leur plaît pas, ils peuvent me dégager. Et j’leur dis, déjà, si on en arrive là, il vaut peut-être mieux arrêter, effectivement, la relation d’un côté ou de l’autre, parce que ça ne va pas du tout. Si on en arrive là, on risque un bon outage professionnel, ça ne va pas. Mais ce que je leur explique, c’est qu’on restera toujours fondatrices et fondateurs. Ça, on ne pourra jamais nous l’enlever. Et tant qu’on est là, qu’on fait les choses bien et qu’on ne devient pas complètement fous à faire n’importe quoi, il n’y a aucune raison que la dirigence nous dégage, absolument pas, au contraire. Parce que oui, je pense qu’il y.
OMBELINE
A ce que vous dites. Oui, puis dans le principe source, il y a quand même un côté aussi un peu mystique. Donc voilà, en fait, en tant que personne source, vous êtes gardienne. Vous êtes gardienne de quelque chose, une association ou une entreprise. C’est aussi un égrégore, c’est aussi un système énergétique on va dire, et donc sur ce plan-là, c’est vous le canal, c’est vous la gardienne de ça, la gardienne aussi de sa vision, de sa mission, de ce pourquoi elle existe. Et par expérience je sais que quand cette personne source ne se reconnaît pas, ne s’assume pas, ou qu’elle est mise de côté par une dirigeance bénévole, ça ne fonctionne pas.
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui, complètement, ça ne fonctionne plus du tout. Ce terme-là me parle beaucoup, on m’a souvent dit que j’étais la gardienne du temple.
OMBELINE
Exactement ça ! Donc il reste ça. Donc il y a un bureau qui est bénévole, et vous en tant que gardienne de ce temple, vous lâchez un peu les rênes de la direction, mais vous restez quand même porteuse de la vision. et donc vous devenez salarié, vous vous rémunérez 1500 euros par mois. Donc il y a quand même, pour qu’une association fonctionne, il faut quand même qu’il y en ait d’autres qui gagnent de l’argent.
CLAIRE RIBOUILLARD
Alors cette question de l’argent, c’est hyper important de l’aborder et vraiment je suis très contente que vous me proposiez qu’on en discute. On n’a pas trop de termes de rentabilité dans l’entrepreneuriat, on n’a pas trop de termes de quelqu’un qui doit gagner de l’argent. On va vraiment être sur le champ de la philanthropie, avec des termes et des notions vraiment différents. Il faut que l’association collecte plus d’argent qu’elle n’en a besoin pour financer ses activités, parce que personne ne finit son année à zéro. Il y a aussi un espèce de flou, c’est que tous les subventionneurs attendent de nous que notre budget prévisionnel finisse à zéro, vous savez, sans aucun report à nouveau. Mais quelle entreprise se finance comme ça ? Quelle famille a un budget qui finit à zéro ? À part si on n’a pas le choix, je veux dire. Quand on n’a pas le choix, on finit même parfois à moins. Mais je veux dire, quand on le peut, on essaye de ne pas finir à zéro. Et pourtant, on oblige les associations à avoir des budgets prévisionnels qui finissent à zéro, qui s’équilibrent. Et si jamais on ne finit pas à zéro, si l’association a un petit résultat positif, les subventionnaires disent « Ah ben vous avez de l’argent, vous n’avez pas besoin de nous ! ». On se marche sur la tête au niveau des subventions publiques, c’est une catastrophe. Donc en fait, il y a une espèce de… Il y a comme une dualité où il faut montrer qu’on ne gagne pas d’argent, Mais il faut quand même que l’association mette un peu de côté chaque mois, parce qu’en cas de coup dur, on ne sait pas ce qu’il peut se passer.
OMBELINE
Bien sûr. Pourquoi l’association n’aurait pas, elle, le droit de capitaliser pour justement investir, etc.?
CLAIRE RIBOUILLARD
On est bien d’accord. En fait, ce sont toutes les idées reçues, un peu les noms dits aussi, et le flou autour du statut associatif, où même les subventionneurs et les structures qui représentent le monde associatif ne disent pas toujours très clairement L’association a le droit de collecter de l’argent. C’est pour ça que je ne dis pas gagner, parce que l’association n’en gagne pas en fait. Elle collecte de l’argent. Et je disais à 70% philanthropie, pourquoi ? Parce que quand on respecte les conditions de l’intérêt général, donc c’est les codes des impôts, la loi de finances, eh bien on a le droit de faire maximum 25-30% de vente commerciale. Donc on a le droit d’aller chercher de l’argent, maximum 30% en vente commerciale. Donc une vente commerciale comme si on était une entreprise avec un vrai prix de vente, avec une petite marge. Ça c’est maximum 30% de notre budget de l’année. Et donc les 70% minimum, c’est la philanthropie. Donc vous voyez, on ne va pas gagner de l’argent. on va trouver des moyens d’aller collecter de l’argent, et dans ces moyens, il y a un peu de vente commerciale, mais très peu. Nous, par exemple, on n’est pas au 30%, on doit être à 15% même pas, parce qu’on est à 80% de philanthropie. C’est une des branches de la recherche de fonds. Moi, ce que j’explique, c’est que l’association doit collecter de l’argent, Et elle a plein de façons d’aller collecter cet argent. On doit constituer un bouquet de collecte de fonds parce qu’on ne peut plus, et ça, ça fait longtemps que c’est fini, on ne peut pas être sur un seul financement. Par exemple, un gros financement de la région, un gros financement d’une métropole, un gros financement d’un seul mécène ou d’une seule fondation. C’est trop dangereux. Et en plus, ça ne fonctionne plus comme ça aujourd’hui. Avant, la philanthropie c’était, et les subventions aussi, c’était je vous donne de l’argent, toi association je te donne de l’argent pour un programme d’action global que tu vas mener sur l’année. Et cet argent tu le répartis comme tu peux, comme tu veux. Donc on mettait un peu de sous dans la G, beaucoup de sous sur le terrain, un petit peu de sous sur les frais de fonctionnement, parce que c’est normal, il y en a toujours, et voilà, et on se débrouillait. Et en 20 ans, la philanthropie s’est passée de ça à je te finance toi association pour un projet de ton programme d’action, un seul, et il faut qu’il soit nouveau. innovants, qu’ils soient scalables, comme le monde.
OMBELINE
De Star Trek, et il faut que.
CLAIRE RIBOUILLARD
Surtout personne d’autre que toi ne l’ait fait avant, que toi tu ne l’es certainement pas fait avant, donc tout ce qui est en deuxième année c’est mort, il faut recommencer, il faut réimaginer, et je te donne cet argent sans frais de fonctionnement, sans frais de salaire. Déberde-toi. En gros, j’exagère, il y a quelques super financeurs et quelques super fondations qui acceptent de financer les frais de fonctionnement, mais c’est très rare en fait. Sur la philanthropie, elle a beaucoup changé, et moi aujourd’hui, je remercie parce que sans la philanthropie, les associations ne fonctionneraient pas. 70% de philanthropie, vous enlevez la philanthropie en France, il n’y a plus d’assaut, il n’y a plus d’impact. Et tous les bénéficiaires qui sont accompagnés aujourd’hui, vous, moi, tout le monde est accompagné par des assauts, ça va mourir. Donc merci, je ne veux pas du tout critiquer la philanthropie, merci de la philanthropie. Mais la façon dont maintenant la philanthropie donne et accorde son argent aux assos, il y a un gros problème. Ce n’est pas normal que ce soit la philanthropie qui nous dites les projets qu’on a le droit de lancer, en fait, limite, en menant des appels à projets, aux critères sur dix pages. Mais c’est de la folie, en fait. On ne s’en sort plus. C’est pour ça que je suis sûre que votre assopreneuse de Hope, elle vit la même chose que tout le monde, en fait, que nous aussi on vit, c’est qu’on passe. autant de temps sur le terrain à mener un impact auprès de nos bénéficiaires, qu’à aller remplir ces appels à projets qui ne financent ni le fonctionnement, donc pas les salaires quand on est salarié ou quand on a une équipe, mais qui financeraient bien des prestataires en freelance, entrepreneurs ou autres. C’est complètement fou en fait. Comment considérer qu’une association n’a pas de frais de fonctionnement ? C’est complètement dingue. Même si on repose à quasiment 100% sur du bénévolat, il y a des frais de fonctionnement. Et si les personnes sources veulent se pérenniser dans leur asso parce qu’elles veulent quitter leur job à 100%, elles ont besoin d’un salaire, parce que tout le monde a besoin d’un salaire. Mais les frais de salaire ne rentrent pas dans les appels à projets, on n’a pas le droit d’avoir des frais de fonctionnement. Alors qu’il y a 20 ans, Vraiment, c’était des lignes. Mettez-le où vous voulez, on vous fait confiance. Et c’était formidable. Moi, j’ai connu ce temps-là. C’était le temps béni du bonheur. Et c’est devenu aujourd’hui très, très dur. Et un jour, à avoir la tête dans l’eau, l’année dernière, j’ai fait un burn-outage des appels à projets. Je ne veux pas utiliser ce terme à tort et à travers, mais vraiment, quand je devais continuer à répondre à des appels à projets, j’étais face aux cases sur les documents en ligne à répondre. et j’avais des boutons, j’avais envie de vomir, j’avais envie de pleurer, et j’étais incapable d’écrire la moindre chose. Alors que dans ma tête, il y a plein de choses qui se passent. Je ne pouvais plus écrire la moindre ligne, parce qu’à 20 ans, à faire ça, c’est appel à projets, mais je n’en pouvais plus. Et en fait, j’ai réalisé, j’ai sorti la tête de l’autre en me disant, c’est pas normal ce que je suis en train de vivre, et c’est pas normal ce que tous les assos preneurs sont en train de vivre. Donc, grâce à Belinda, à votre podcast, et grâce à toutes les personnes qui me donnent la parole, et je les remercie, j’essaie de passer ce message. Philanthropie, aide-nous, revient à un programme d’action globale annuel où on répartit les sous comme on veut, en investissement, en financement, en salaire, en action sur le terrain, parce qu’une asso, ce n’est pas que des projets. C’est pas un empilement de projets en mode pyramide. Une asso, c’est un être vivant, qui est animé par des êtres humains, qui ont besoin de vie associative, qui ont besoin de créer des liens, et qu’il faut pérenniser tout ça. Pardon, j’ai peut-être un peu monopolisé la conversation.
OMBELINE
Non, mais c’est vous l’invité, c’est pas moi. Alors moi, il y a une question qui est là depuis tout à l’heure, Pourquoi « association » et pas « coopérative », « scope » et tout ça, ou « entreprise à mission » en fait ? Pourquoi choisir le statut associatif ?
CLAIRE RIBOUILLARD
J’adore cette question. Eh bien, je savais déjà depuis le départ que je voulais entreprendre en association, que ce n’était pas une entreprise. Donc, pour moi, c’était clair. Et en fait, la plupart des assopreneurs savent que c’est en association qu’ils veulent entreprendre, qu’ils et elles veulent entreprendre. C’est rigolo, ça. Il y a très peu de personnes qui hésitent sur le statut juridique. Je dirais que c’est peut-être 5%. Toutes les autres personnes qui viennent à nous et qui seraient en création savent d’avance que c’est l’associatif qui leur plaît. C’est incroyable la force de l’engagement, en fait.
OMBELINE
Mais pourquoi ? Parce que vraiment il y a ce côté non lucratif ?
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui, en fait c’est vraiment ça. Moi-même c’était ça, c’est que le statut associatif, donc j’ai toujours travaillé en association depuis même mon stage de peintre d’études de Master 2. Dès mon premier job, j’étais déléguée générale salariée d’association, donc c’est le statut juridique que je connais le mieux et que je trouve le plus beau. Et parce qu’il renvoie peut-être à plein de choses chez moi qui font que j’adore la non lucrativité, j’adore être dans le don, et j’adore le bénévolat, et tout ce qu’on peut faire par la force de don, en fait, juste tenir la main les uns les autres, c’est une image où vous pourriez me dire, oui c’est un petit peu bisou lourds ce que tu dis Claire, mais non, les êtres humains on fonctionne aussi comme ça en fait. Moi, le message que j’ai, c’est que ce n’est pas parce que l’économie classique a façonné le monde, et lucrative, a façonné le monde depuis 2000 ans, qu’il faut continuer. Non, il y a une voie qui a toujours été là depuis 1901, et qui est de plus en plus forte avec le nombre de personnes qui décident de transitionner et d’entreprendre, qui est que non, l’économie classique et tout ce qu’elle a fait de mal à la planète, ça peut être difficile. Ça peut être fini, en fait. En tout cas, pour chez moi, il y a un peu le fait d’être le changement qu’on veut voir. C’est une phrase qui est très puissante. Et moi, j’essaie de le faire à mon petit niveau. Et les assopreneurs, on est toutes des petites gouttes qui vont faire un bel océan, on l’espère, de dons et de prendre soin des autres. Donc voilà, tout le monde est vraiment porté par ça. Et peut-être qu’il y a ce lien avec l’argent. Moi, je n’ai jamais été très à l’aise. Je suis très mal à l’aise quand je suis dans une relation client-fournisseur. Je ne suis pas à l’aise avec l’argent en fait. Peut-être qu’il y a ça chez les autres personnes, pas toutes, mais je pense que chez beaucoup de femmes, il y a ce lien avec l’argent où on n’est pas toujours très bonne pour se vendre. On n’a généralement pas assez confiance en nous, le syndrome de l’imposteuse, je l’ai vécu aussi. Ça m’a bloquée pendant un an quand je me suis lancée. Je n’ai jamais été bloquée pendant dix ans à diriger mes assos, même face à être la seule femme parmi des CA d’hommes, ou à être très jeune. Quand j’ai commencé, j’avais 22 ans, face à que des personnes beaucoup plus âgées que moi, dans des secteurs d’activité que je ne connaissais pas du tout. J’y suis allée quand même, j’ai pris la parole devant plein de gens sans aucun problème. Mais alors, je me lance pour être assopreneuse, bam, syndrome de l’imposteur. Je suis nulle, je ne vaux plus rien, et c’est une catastrophe. Le statut associatif, pour moi, c’était une évidence. J’aimerais peut-être dire un tout petit mot sur l’économie sociale et solidaire.
OMBELINE
Oui.
CLAIRE RIBOUILLARD
Parce que vous avez parlé d’entreprises à mission et de sociétés coopératives, et en fait, là, on aborde des statuts juridiques qui ne sont pas forcément tous dans l’ESS. Est-ce que c’est OK si je fais un tout petit message ?
OMBELINE
Bien sûr, allez-y, je vous en prie.
CLAIRE RIBOUILLARD
En fait, l’ESS, l’Économie sociale et solidaire, elle est née en 2014, officiellement, par une loi, la loi Benoît Hamon, 2014, qui a créé cette loi ESS. Et dedans, elle a dit qu’il y a différentes façons de rentrer dans cette loi. Il y a des statuts juridiques qui, de fait, sont dans cette loi, notamment les associations. On est 98% de l’ESS, les associations. Il y a les fondations et fonds de dotation, il y a les mutuels à but non lucratif, il y a les sociétés coopératives. Vous l’avez cité, ça c’est dans l’ESS de façon immédiate. Et puis les sociétés commerciales, donc les SA, SAS, SARL, toutes les sociétés commerciales, elles peuvent rentrer dans l’ESS de deux façons, soit parce qu’elles vont respecter les principes fondamentaux de l’ESS, Et les principes fondamentaux de l’ESS, ça a été défini par cette fameuse loi ESS, c’est qu’il faut une gestion démocratique, il faut une utilité collective ou sociale du projet, il faut une mixité des ressources et de la non-lucrativité individuelle ou en tout cas une lucrativité limitée. Et donc là, il y a quelques entreprises commerciales qui rentrent là-dedans. Mais il y en a très très peu en France qui respectent ces principes fondamentaux. Et puis, il y en a à peu près 800 en France. C’est rien du tout. Et pour aller plus loin, elles peuvent passer l’agrément ESUS, ces entreprises commerciales. Donc ESUS, c’est l’agrément entreprise solidaire d’utilité sociale. C’est un agrément qui dit que vraiment on valide tout ça, c’est l’élément en plus. Mais les entreprises à mission, elles, ne font pas partie de l’économie sociale et solidaire. parce que l’engagement est beaucoup moins fort. C’est un premier pas, donc il faut valoriser tous les pas qui vont dans le bon sens. L’entreprise à mission, c’est un premier pas, et c’est le fait de mettre dans son cabice ou dans ses statuts de société le fait d’avoir un objet social ou environnemental, et de s’engager à dédier au moins un salarié à suivre cette mission. Et tous les deux ans, on est audité par un organisme indépendant. Mais en fait, c’est que ça, les entreprises à mission. Ça ne rentre pas dans l’économie sociale et solidaire. Ok.
OMBELINE
Alors, on n’a pas eu l’occasion d’en parler ensemble parce que malheureusement on n’a pas eu l’espace toutes les deux pour faire un entretien en amont de cette interview, donc c’est un peu la première fois qu’on se parle aujourd’hui. Je le dis aussi aux auditeurs. Moi dans le podcast Vérité, j’ai un message fort justement sur il serait peut-être temps d’arrêter de devoir choisir entre le lucratif et le bien commun. Et pour moi, j’en ai parlé avec différents entrepreneurs, différents porteurs de projets à mission, même de l’ESS, etc. Et cette notion de non-lucrativité, c’est vraiment ça qui crée aussi un problème. Dans mon monde idéal, une entreprise devrait être par défaut une entreprise ESS.
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui.
OMBELINE
La raison d’être d’une entreprise, c’est de contribuer à un meilleur monde, à l’évolution du collectif, au bien-être de tous. Pour moi, une entreprise doit exister… Enfin, sa raison d’être par défaut, ça devrait être ça.
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui.
OMBELINE
Et je trouve qu’on a créé un monde d’excès où soit on est là pour faire du fric, et simplement pour nos intérêts personnels, soit on est là pour le don de soi, pour un engagement envers le collectif et on s’oublie complètement. Et pour moi, le vrai problème de notre société, il est là, c’est qu’on est tombé dans un excès d’un côté et de l’autre. Et je me dis, mais imaginez un instant si toutes les personnes engagées recevaient aussi à la hauteur de leur engagement. Imaginez si toutes les associations, tous les organismes de l’ESS, si tous ces systèmes, on va dire, qui sont engagés pour le collectif, pour le bien commun, pour le bien humain et du vivant, étaient libres de prospérer. Enfin, voilà, je pense que là, on aurait un vrai shift, en fait. Donc, moi, c’est ça ma vision du monde, c’est ça mon rêve pour le monde et pour l’évolution de la société, et j’y crois profondément. Là où il faut que ça change, c’est évidemment de créer des nouveaux statuts juridiques, il faut trouver des nouvelles phases, il faut trouver des… Parce que dans tout ce qui existe aujourd’hui, il n’y a rien qui convient, finalement, pour permettre ça. Alors vous allez me dire après, vous allez me répondre. Là je fais exprès, voilà, je mets vraiment… parce que on est dans le podcast vérité, donc on est là pour ça. Mais il y a aussi un travail intérieur à faire. Parce qu’effectivement, cette séparation entre, on va dire, le côté égocentrique et le don de soi, Il part aussi d’un paradigme intérieur où on est éduqué comme ça depuis le départ, surtout en tant que fille, à devoir choisir entre l’autre ou soi. Et donc, c’est aussi ce que j’appelle l’intégrité. On apprend à être dans le sacrifice et la perte de notre intégrité parce qu’on doit toujours choisir entre l’extérieur ou l’intérieur. ou entre le spirituel et l’humain, ou entre le féminin et le masculin, entre le spirituel ou le matériel, enfin bref, il y a toujours un choix à faire. Et je pense que le vrai sujet il est là. Mais le choix à faire il est d’abord intérieur. Et quand on arrive à réconcilier tout ça, on crée un nouveau paradigme à l’extérieur.
CLAIRE RIBOUILLARD
Voilà.
CLAIRE RIBOUILLARD
Moi, je ne suis pas certaine qu’il faille créer un autre statut juridique. Après, peut-être, mais en tout cas, je ne suis pas persuadée aujourd’hui, parce que vraiment, je trouve que le statut des associations fonctionne très bien. Pour moi, le problème d’aujourd’hui ne vient pas du statut juridique de l’associatif, qui est historique et qui est un droit constitutionnel d’ailleurs, et qui permet énormément de choses. Je pense que la difficulté vient des structures, même du gouvernement, même des préfectures, tout ce qui encadre l’association, parfois à oublier ce qu’était le statut associatif, et parfois peut-être que ses agents n’ont pas été suffisamment formés. Et on oublie pourquoi on avait créé ça au départ, et on oublie ce qu’on peut faire. Parce que, par exemple, nous, depuis trois ans, on a créé ce mot « assopreneur » pour dire que c’est la contraction d’entrepreneuriat et association. C’est en aucun cas la contraction d’entreprise commerciale lucrative et association. Mais tout le monde se trompe, parce qu’en fait, on a tellement été cadré par l’économie classique lucrative qu’on n’arrive même plus à entendre qu’entrepreneuriat, ça veut juste dire créer quelque chose, en fait. Quel que soit un statut juridique, on peut même être entrepreneur sans créer quelque chose. Donc je pense que le souci, pour moi, il vient d’un manque de formation ou d’information sur c’est quoi entreprendre, et je pense aussi qu’un manque d’information sur comment est-ce qu’on peut vivre de son assaut. Mais je trouve quand même que le fait d’être dans la non-lucrativité, ça décuple quelque chose, je trouve. C’est très bien que les entreprises se tournent de plus en plus vers l’ESS, remplissent les conditions de l’ESS, et aient de plus en plus conscience de leur impact social et environnemental. Ça, c’est magnifique, c’est très beau, parce qu’il faut de tout pour faire un monde. Mais je trouve quand même que d’être en non-lucrativité, Tout ce que l’on fait, on le fait pour… on mesure les pour et les contre, en fait, non pas pour soi, par rapport à ce qu’on va y gagner, nous, mais par rapport à ce qu’on va laisser aux autres. Et quand on parle de développement durable depuis tant d’années, où on parlait de développement soutenable au début, et quand on a commencé à prendre conscience du développement durable, c’était, attendez, mais qu’est-ce qu’on va laisser à nos enfants ? Là, maintenant, aujourd’hui, tout le monde est au courant, il y a le GIEC et tout ça, mais quand ils ont commencé à en parler, des dizaines d’années, personne ne comprenait. Alors que dans les associations, c’est ce qu’on faisait depuis le départ. Se dire, attendez, qu’est-ce qu’on va laisser aux autres, en fait ? Parce que nous, de toute façon, ce n’est pas pour nous qu’on le fait. Et je trouve que ça, ça décuple la vision et l’impact que l’on peut avoir. Par contre, là où il y a un problème, c’est que quand on est assopreneur et assopreneuse, et qu’on veut créer son emploi, et qu’on devient salarié de son association, on n’a droit à aucune réduction de charge sociale, alors que des sociétés coopératives, qui permettent l’enrichissement personnel, qui sont donc dans la lucrativité, ont accès à des réductions de charges sociales qu’on n’a pas, nous, en association d’intérêt général. Donc, en fait, je trouve qu’il y a plein de choses qui ne sont pas normales parce que je pense que les gouvernements et tout ça ont oublié ce que c’était et ont oublié d’avancer avec l’assaut preneuriat, en fait. Parce que nous, les assauts preneurs, on n’est pas les premières, on ne sera pas les dernières. On n’a pas inventé ce concept. Il existe depuis toujours 1,5 million d’associations. Enfin, c’est énorme. Alors, certes, il y a 20 % d’associations qui sont sportives, clubs sportifs. Donc, on peut enlever… Combien, vous avez dit ? Les clubs sportifs, c’est 20 %, et c’est vrai que nous, on n’a quasiment pas de représentation de clubs sportifs parce qu’on a vraiment, nous, dans cet esprit, des gens qui se sentent entrepreneurs, en fait. Mais ça fait que ça reste quand même énormément d’associations entrepreneuses, en fait, mais toujours dans le respect de la créativité. Donc voilà, je trouve ça très intéressant qu’on en discute et j’aime beaucoup entendre votre point de vue. Et pour l’instant, je ne suis pas certaine qu’il faille tout remettre en cause, mais je pense qu’il faudrait juste raccrocher les loupiotes, en fait. sur le fait que la philanthropie revienne à des fonds où on peut répartir nous-mêmes les sous, et sur le fait qu’on ait accès aux réductions de charges sociales qu’ont des sociétés lucratives. C’est un truc de dingue là-dessus.
OMBELINE
Oui, et puis je pense que cette non-lucrativité, je comprends le côté non-lucrativité du.
CLAIRE RIBOUILLARD
Dirigeant.
OMBELINE
Mais ce qui me gêne, c’est que du coup on coupe la lucrativité collective.
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui, alors voilà, là c’est autre chose.
OMBELINE
Voilà, et pour moi c’est ça en fait, c’est pourquoi on n’aurait pas le droit à créer de l’argent de façon collective. Comme par exemple, en statut associatif, pourquoi, par exemple, s’il y avait du profit à la fin d’un exercice, pourquoi ça ne pourrait pas être redistribué aux membres de l’association, par exemple, ou quelque chose comme ça ?
CLAIRE RIBOUILLARD
Ça, c’est ce que vous dites là, c’est cette fameuse part des 30% max de ventes commerciales qu’on a le droit de réaliser dans notre modèle économique total. On n’a pas le droit de faire plus que 30% de ça, exactement. Et c’est vrai, peut-être que si on avait le droit de faire un peu plus que ces 30%, ça aiderait parce qu’en fait, on se rend compte que ce qu’on fait pour nos bénéficiaires, pour avoir un impact, on le fait souvent gratuitement pour eux. Ça fait partie un peu du principe de philanthropie. Les associations, il ne faut pas payer pour être bénéficiaire d’une asso. Sinon, nos bénéficiaires ne sont pas des clients. On le fait pour eux gratuitement ou avec une petite contribution symbolique que les personnes souhaitent donner, par exemple un euro, pour aussi être acteur et actrice de ce qu’on fait pour eux, ou rien, ou zéro. Et en fait, on se rend compte que les activités qu’on fait pour ces personnes-là, on devient en fait expert de notre zone de génie, on devient expert de l’impact que l’on a. Et en fait, on se rend compte que cet impact que l’on a, il y a des personnes qui pourraient avoir envie de l’avoir, d’en bénéficier et de payer pour ça. Ça ne s’y prête pas pour tous les assos, ça ne s’y prête pas pour toutes les causes, on est d’accord, mais beaucoup s’y prêtent, et donc en fait on peut transformer cette action solidaire qui est gratuite pour nos bénéficiaires, hop, on le transforme un peu en produit ou service qu’on va vendre à des gens qui veulent payer à une asso pour justement aider l’aspect solidaire à côté. Ce que vous disiez, l’aspect lucratif qui ruisselle sur l’aspect non lucratif. Mais ça, on est limité à 30%. Donc là aussi, je pense que vous êtes là-dessus, moi je partage votre avis. Si on pouvait faire au moins 50-50, ça nous aiderait énormément parce qu’il y a des personnes qui développent des formules qui sont hyper intéressantes, les entreprises en fait de plus en plus se tournent vers les associations pour animer leur team building, leur journée d’équipe, pour former leurs salariés à plein de sujets, pour les sensibiliser à plein de sujets. Donc il y a plein de choses à faire avec les entreprises qui nous aideraient à financer nos assos et qui aideraient à financer l’aspect solidaire. Mais là, complètement d’accord. Mais par contre, on reste toujours dans un collectif non lucratif, complètement. Ce serait intéressant.
OMBELINE
Et j’ai oublié ce que je voulais vous dire. Est-ce que ça va me revenir ? Bon, Caroline on coupera tout ça, évidemment. Ah, ça m’agace !
CLAIRE RIBOUILLARD
On parlait de non-lucrativité globale, de permettre plus de ventes commerciales dans le modèle économique d’une association, pour que ça ruisselle du côté non-lucratif.
OMBELINE
Oui, puis c’est important en plus. Ça, c’est le problème du cerveau en arborescence.
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui !
OMBELINE
C’est quand ça part de plusieurs côtés en même temps, après ça… ça bug. Je veux retrouver la branche parce que c’était important pour la suite de la conversation, ce côté vraiment non lucratif. Oui vous parliez des 30% d’avoir au moins peut-être 50% Moi, ce qui me vient aussi, c’est qu’il y a un budget de fonctionnement, mais ce budget de fonctionnement, il peut avoir besoin d’augmenter d’une année sur l’autre, il peut avoir besoin de doubler, de tripler, donc peut-être de se baser aussi sur un coût de fonctionnement à venir et pas Oui, très intéressant. Et aussi, on parle du BFR dans une entreprise commerciale, il pourrait y avoir aussi un BFR associatif, mais par rapport au projet à venir. Donc, pourquoi une association n’aurait pas le droit d’avoir une trésorerie suffisante pour couvrir, par exemple, six mois ou un an de BFR ? Enfin voilà, je veux dire, il y a des sujets de gestion qui nécessite de l’argent. Pour continuer sur ce sujet de la lucrativité, Je remets les pieds dans le plat. Je trouve, et puis je précise aussi que j’ai une très mauvaise connaissance du secteur associatif, etc. Donc je fais exprès de mettre les pieds dans le plat.
CLAIRE RIBOUILLARD
Parce que je me dis que peut-être.
OMBELINE
Qu’Il y a des auditeurs qui se posent les mêmes questions, ou peut-être qu’il y a des personnes qui n’osent pas entreprendre en statut associatif justement parce que ça leur fait peur le côté non lucratif. Oui. Mais donc, non lucratif, Oui, mais je trouve qu’il y a un déni quelque part, parce que pour qu’il y ait philanthropie, il faut quand même qu’il y en ait d’autres qui gagnent de l’argent. Ou il faut qu’on ait des conjoints qui gagnent de l’argent. Pour moi, le côté associatif a quand même un peu de déni. Parce qu’on dit oui, je veux être engagé, je veux pas gagner d’argent, mais n’empêche qu’on a besoin que d’autres gagnent de l’argent pour nous. Je dis nous en tant qu’assaut preneur. Donc je trouve qu’il y a une forme de déni comme ça. Et voilà, je voulais un peu mettre les pieds dans le plat de ce sujet-là pour savoir comment vous voyez ça. Enfin, on est quand même… Moi, ma vision du nouveau monde, évidemment qu’un jour, je me dis, l’argent aura peut-être plus sa place dans notre société. C’est ce que je souhaite. Mais je me dis, entre là où on est aujourd’hui et un monde sans argent, il y a quand même beaucoup, beaucoup, beaucoup de chemins Et ce chemin, il est avant tout intérieur en termes de confiance en soi, d’estime de soi, de comment j’assume mes dons, mes talents, mes visions, mes idées, sans avoir besoin de comparer la valeur que ça en a sur un certain marché. Donc on a quand même beaucoup de chemins en termes ne serait-ce que d’estime de soi. parce que l’argent sert aussi à ça, à comparer notre valeur intérieure, même si on n’aime pas ça, mais n’empêche que ça sert quand même encore à ça. Donc voilà, aujourd’hui, oui, le monde associatif, mais on dit associatif, dit non lucratif, dit engagement pleinement dans le don de soi, mais pour réussir ça, il faut quand même que vous soyez soutenu matériellement d’une autre façon, par peut-être les mécènes, par la philanthropie, par les dons, par du bénévolat, parce que pour qu’il y ait des bénévoles, il faut aussi que ces bénévoles aient un soutien financier ou matériel d’une autre façon. Il y a quand même, je trouve, un peu un espace flou dans tout ça, et j’aimerais bien qu’on crée cet échange ensemble si vous êtes d’accord.
CLAIRE RIBOUILLARD
C’est la première fois qu’on me dit ça, parce que j’ai entendu beaucoup de choses sur l’associatif et sur les préjugés, les idées reçues, les flous. On ne m’a jamais proposé cet angle de discussion et je trouve que c’est très intéressant. Vous êtes la première, Améline, à me partager ça. Nous, les associations, Je parle que pour celles que je connais en tout cas, c’est-à-dire les personnes qu’on accompagne, et puis je parle aussi par rapport à Chloé et moi, je parle pas pour toutes les autres, je parle pour les 500 qu’on a accompagnées depuis 3 ans. Je pense qu’on a bien conscience de ça, que nous on décide d’entreprendre dans la non lucrativité, mais qu’on va faire appel aux personnes qui ont peut-être gagné de l’argent grâce à la lucrativité, ou peut-être aux personnes qui ont de l’argent parce que c’est du patrimoine. Je crois que la plus grande injustice en France, c’est la richesse patrimoniale, et beaucoup moins celle qu’on crée pendant sa vie, mais c’est vraiment celle dont on hérite. Voilà, donc on a bien conscience, je pense, qu’on va aller chercher cet argent-là, l’argent qu’on hérite ou l’argent qu’on gagne dans sa vie. On va faire appel à la générosité du public, et ou des mécènes, et ou des entrepreneurs, et ou des personnes qui ont un certain patrimoine, qui sont riches, quoi. Oui, on a conscience de ça, mais en quoi ? En fait, en gros, nous, on fonctionne avec le monde dans lequel on vit, et ce monde dans lequel on vit, c’est le monde de la lucrativité, comme on disait, à excès même, d’ailleurs. Si le monde était différent, peut-être qu’on n’aurait pas besoin d’associations, si le monde avait été différent. Peut-être qu’il y aurait un autre statut juridique existant, peut-être qu’il n’y aurait pas de statut juridique, peut-être qu’il n’y aurait peut-être pas d’argent.
OMBELINE
Oui, c’est pour ça que tout à l’heure je disais, je pense que si vraiment on veut un monde différent, aujourd’hui il n’y a pas de statut juridique qui correspond à un monde idéal.
CLAIRE RIBOUILLARD
Non, oui, complètement. Non, exactement. Nous, en fait, je sens chez les assospreneurs, et on le partage aussi avec Chloé, nous ce qu’on veut c’est montrer qu’autre chose est possible. En fait, on a envie de montrer, goutte après goutte, asso par asso, petit point d’impact par petit point d’impact, parce qu’on est très très nombreux en France à avoir des impacts plus ou moins importants, parce que des très très gros assos comme La Croix-Rouge, Petit Frère des Pauvres, Médecins Sans Frontières, qui sont magnifiques, qui ont un impact de ouf, ça c’est 0,01% des associations en France. Les 99,99% des autres associations sont des associations qui ont quasiment moins de trois salariés, en fait. L’assoprenoriat, c’est vraiment le monde le plus… C’est la représentation la plus large des associations en France. On représente vraiment ces associations-là qui ont zéro salarié ou moins de trois salariés, à peu près. Et c’est dans tous ces milliers et millions d’impacts qu’on montre qu’autre chose est possible. Donc, je dirais que nous… Moi, je ne sais pas si je suis dans le déni, mais c’est très intéressant parce que j’aime beaucoup ce que vous venez de me partager là. Donc je vais en réfléchir et en parler avec ma coordonnatrice parce que ça me touche beaucoup. Mais je pense qu’on est dans l’envie de créer une discussion, en tout cas de montrer qu’une autre voie est possible, oui.
OMBELINE
Oui, il y a une autre voie qui est possible et c’est un peu là que j’avais envie qu’on arrive dans notre discussion. Cette autre voie possible, elle n’est ni dans l’excès financier, ni dans l’éloignement, ni dans le non lucratif total. Je pense qu’il y a un peu cette troisième voie à trouver de réconciliation, d’union, d’unité, de comment on fait ensemble, comment on grandit et comment on prospère ensemble. Et voilà, je sais qu’on partage les valeurs en lien avec le vivant, la préservation de notre planète, etc. Pour moi, la prospérité et l’abondance font partie du vivant. Et donc pourquoi nos organisations, nos systèmes et notre économie ne seraient pas reliées à cette prospérité, à cette abondance du vivant ? Mais pour ça, on a besoin de changer des choses en nous, dans nos fonctionnements, dans nos process, évidemment dans notre législation, dans l’administration, etc. Il y a beaucoup de choses à changer. Et ça me tient vraiment à cœur et je vous remercie encore d’avoir été aujourd’hui dans ce podcast et notamment pour le podcaston, parce que le podcaston, ça parle des associations. Il y a vraiment un message qui est faisons cette réconciliation en nous pour qu’on ne soit plus dans le rejet de l’argent, mais pour qu’on l’utilise pour le bien commun. Et on n’a pas besoin de le mettre de côté pour le bien commun, puisque de toute façon, il est là. Donc voilà, autant l’accepter pleinement comme ressource. Mais c’est mon ami Christian Julio qui dit ça aussi, ce qu’il faut changer, c’est la relation qu’on a avec l’argent. Et donc voilà, j’espère que notre conversation est le début aussi de quelque chose. J’espère que cette réflexion pourra se poursuivre. Moi, je serais très heureuse d’intervenir chez Assopreneur si vous avez envie qu’on aborde ce sujet de la conscience de l’argent. Ça fait partie de mes expertises, donc si ça peut être avec grand plaisir d’en reparler, Claire.
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui, oui, mille fois, merci. Merci beaucoup. Avec grand, grand plaisir.
OMBELINE
Merci. Qu’est-ce qui aurait besoin d’être ajouté à cette conversation, Claire, pour que ça vous semble complet et pour que vous passiez le message que vous vouliez passer dans ce podcast ?
CLAIRE RIBOUILLARD
Eh bien, déjà encore un grand merci à vous, Améline, de nous donner cet espace-là. Merci au podcaston, parce que les podcasteurs sont tellement généreux, donc merci. Le message, c’est que comme toutes les associations, on a besoin de cet argent pour fonctionner, pour financer notre impact auprès de nos bénéficiaires. Donc si ce qu’on a partagé vous a touché ou intéressé, n’hésitez pas à me contacter pour peut-être continuer la discussion qu’on avait avec Omboline, si ça vous intéresse aussi. Moi, j’aime beaucoup discuter, échanger, partager des points de vue. Si vous avez envie de nous soutenir, un euro nous aide. Voilà, donc n’hésitez pas à faire un don à Assopreneur. Tout cet argent sera redistribué pour avoir un impact auprès des associations qui prennent soin des autres. Et ce que j’ai envie de dire, c’est que si jamais vous avez envie de vous lancer en association ou si vous avez envie d’essayer ou de prendre soin des autres, vous aussi, si vous avez senti une cause profonde en vous, vous vous sentez indigné, vous avez le « c’est pas normal que » qui monte, eh bien moi je vous invite vous lancez, commencez à prendre soin des autres autour de vous avec cette association et d’avoir conscience que si vous le souhaitez un jour, vous pourrez créer votre emploi dedans. Alors on ne gagne pas des milliers d’euros parce qu’on est toujours limité par notre budget, mais on peut créer un petit salaire en tout cas et réussir au fur et à mesure de l’année à monter sur un salaire un peu plus important. Mais vous pouvez prendre soin des autres vous aussi et être ce fameux changement en attendant qu’on arrive à un modèle peut-être très différent comme on l’a échangé avec Amélie. Donc voilà, juste allez-y. La Soprana, tout est possible. C’est magnifique d’être dans le don et d’être dans le don de créativité. et je suis là pour en discuter avec vous. Et voilà, ce que je voudrais peut-être partager, Ombeline, c’est une ouverture de… Je suis là, en discutons-en.
OMBELINE
Voilà.
CLAIRE RIBOUILLARD
Merci beaucoup, en tout cas, Ombeline, de m’avoir invitée.
OMBELINE
Oui, puisque ce qui est important, que ce soit l’associatif ou toute autre chose, c’est tellement important de répondre à notre grand pourquoi et de l’honorer. Et peut-être qu’effectivement, ça passe par créer une association. Ce que j’aimerais peut-être rajouter en complément de toute votre proposition, c’est. Quand on est délégué général d’une association ou quand on est salarié ou quand on a fondé une association, il y a peut-être aussi d’autres canals d’abondance à ouvrir pour que l’association reste une association, mais peut-être que quand on s’autorise aussi quand même ce côté lucratif pour pour soi, parce que plus on s’autorise à recevoir, plus on peut aussi donner à son association et à ce qu’elle représente. Il y a peut-être aussi plein d’autres sources de revenus à activer qui permettent de rester non lucratifs dans l’association. Et ça, c’est un sujet que j’aborde beaucoup avec les femmes que j’accompagne, d’ouvrir le canal d’abondance de différentes façons. Voilà, je pense que ça fait partie de la transformation du dirigeant d’une association. Claire, une question que je pose toujours à la fin du podcast, c’est qui aimeriez-vous entendre dans le podcast vérité ?
CLAIRE RIBOUILLARD
C’est une super bonne question. Moi, j’aimerais entendre C’est le sujet qui me touche le plus. Je n’ai peut-être pas une personne en particulier, mais ce qui m’intéresse beaucoup, ce sont des femmes entrepreneurs du monde lucratif, qui sont en accord avec l’argent, qui sont en accord avec elles-mêmes et qui partagent leur position vis-à-vis de ça, comment elles mènent leurs entreprises, comment elles gagnent de l’argent, peut-être comment elles essaient de faire ruisseller avec des associations. Les femmes chefs d’entreprise, l’entrepreneuriat m’a toujours passionnée. J’ai travaillé dix ans avec des associations d’entreprises. Tous mes adhérents étaient des entreprises. C’est quelque chose que j’aime aussi. J’aime l’entreprise. Je ne dis pas que ce n’est pas beau. J’aime entendre des femmes entrepreneurs qui ont dépassé le syndrome de l’imposteuse, qui ont réussi à enclencher cette abondance pour leur entreprise. Ça m’inspire énormément. Et d’ailleurs, j’aimerais énormément créer un cercle de femmes entrepreneuses du monde lucratif qui souhaiteraient soutenir les femmes entrepreneuses du monde lucratif via Sopreneur. On est en train d’imaginer comment peut-être lancer une sorte de… Là, on revient sur la philanthropie, mais sur un cercle de soutien comme ça, femme à femme, en fait.
OMBELINE
Oui, un peu les business angels de l’associatif.
CLAIRE RIBOUILLARD
Oui, sauf que là, on ne récupère pas Samisa après. C’est ça, voilà. Mais oui, voilà. D’autres femmes, des femmes entrepreneurs de l’économie classique qui cartonnent.
OMBELINE
Il y en a déjà dans le podcast.
CLAIRE RIBOUILLARD
Je suis en train d’écouter, de me faire tous les épisodes. Je vais commencer avec le dernier en cours et puis après je vais remonter tous les épisodes jusqu’au début.
OMBELINE
Et puis, je viens effectivement de terminer aussi la mini-série Permissions de réussir. Ah, j’adore. Que vous pouvez écouter. Ça résonnera aussi avec les échanges d’aujourd’hui. Génial. Un immense merci Claire, et j’espère qu’on pourra poursuivre nos échanges. Alors oui, je voulais préciser à propos de philanthropie, etc., c’est que le podcast Vérité est gratuit, mais moi, il me coûte de l’argent.
CLAIRE RIBOUILLARD
C’est certain. Du temps, de l’énergie et de l’argent.
OMBELINE
Exactement, exactement. Donc voilà un épisode de podcast à peu près 500 euros. Ouais, complètement. Minimum, voilà minimum.
CLAIRE RIBOUILLARD
Et donc je profite…
OMBELINE
Voilà, et je profite aussi que ce soit un épisode dédié au podcaston pour rappeler que être podcaster, ça coûte de l’argent aussi, et donc c’est important de soutenir les podcasts. Il y en a certains qui fonctionnent par le sponsoring, mais on ne fonctionne pas tous de cette façon. Donc voilà, moi je suis en train de réfléchir à… Est-ce que justement je ferais un appel au don pour le podcast Vérité ? C’est une réflexion qui est là. Voilà, donc je fais un appel aux auditeurs, s’il y en a qui fonctionnent de cette façon chez les podcasteurs, ça m’intéresse d’avoir cette discussion, et peut-être d’ailleurs que je pourrais avoir un invité podcasteur pour qu’on parle du modèle économique d’un podcast, ça serait très intéressant aussi. Un grand merci Claire ! J’aimerais avoir le plaisir de rencontrer Chloé prochainement. Et puis allez visiter le site de Assopreneur, c’est .org ? C’est .org, oui. Pour en savoir plus, pour vous faire accompagner si vous voulez créer ou pérenniser votre association. Et voilà, puis j’aurai grand plaisir à vous retrouver prochainement. dans le podcast Vérité. Donc c’était un épisode un petit peu spécial, j’espère que vous l’avez apprécié. Je vous encourage donc aussi à aller voir au-delà de assopreneur.org, d’aller voir le site podcaston.org pour découvrir des centaines d’autres associations à travers d’autres podcasts. Et c’est aussi l’occasion, si vous en avez la possibilité, de faire, comme je vous le disais, une promesse de don aussi pour l’association Assopreneur. et pour toutes les autres associations que vous découvrirez dans le podcast. En tout cas, un immense merci pour votre fidélité et votre soutien dans le podcast Vérité.
CLAIRE RIBOUILLARD
À bientôt.
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